Peut-être faudrait-il d'abord définir ce que devrait être, selon nous, une école républicaine face aux enjeux du XXIe siècle. Dans une République démocratique, l'école devrait prioritairement promouvoir l'égalité et la justice sociale ; elle devrait ensuite avoir comme fer de lance la démocratie et l'écologie, tant dans son organisation et son fonctionnement que dans les contenus pédagogiques. Enfin, sa finalité devrait être d'oeuvrer à l'émancipation de tous, permettant à chacun de dépasser ses conditions d'origine. Nous en sommes loin, et nous nous en éloignons encore plus avec vos réformes et ce projet de loi.
L'égalité d'abord. Ce défi, l'école ne l'a jamais vraiment gagné – on sait le poids de la reproduction sociale. Néanmoins, plutôt que de vous atteler à cette émancipation, qui devient indispensable, vous empruntez le chemin inverse. Votre réforme du lycée organise déjà les inégalités : tous les lycéens ne pourront pas bénéficier des mêmes enseignements ; tous les jeunes ne seront pas à armes égales pour effectuer cette course d'orientation forcenée. Avec la mise en place des écoles des savoirs fondamentaux et des écoles internationales d'excellence, vous enfoncez le clou de l'inégalité. Dès leur plus jeune âge, des enfants à haut capital économique et culturel seront scolarisés dans des écoles de l'excellence, quand les autres seront cantonnés aux écoles des savoirs fondamentaux. Nous vous en remercions d'avance. Vous accroissez les inégalités entre jeunes, mais aussi entre les territoires, car les territoires ruraux vont continuer de subir la fermeture de leurs petites écoles, bien souvent derniers bastions du service public encore en activité.