Monsieur Kerlogot, vous avez raison, il faut changer de regard : nous serons extrêmement vigilants à la retransmission des Jeux paralympiques de Paris par France Télévisions, et j'espère que nous ferons aussi bien que ce qui s'est fait à Londres.
Sur la sensibilisation au sein de l'école, beaucoup de choses se font déjà, et je tiens encore une fois à saluer les associations qui s'impliquent énormément dans des programmes de sensibilisation, ou encore les acteurs qui travaillent depuis très longtemps avec l'éducation nationale, comme la MAIF, qui organise des rencontres extraordinaires. Ils balisent une journée complète sur le handicap au sein de collèges, en partenariat avec des associations, et font faire des parcours à tous les collégiens.
Les enseignants pratiquent déjà beaucoup le tutorat, où un élève valide fait office d'accompagnant. Une telle formule suppose de travailler avec finesse : il ne faut pas que cela devienne une charge pour le tuteur. Il faut que cela puisse tourner, que l'on puisse en parler, mais ce sont toujours des temps citoyens d'échange. Vous parlez de binômes au sein de l'école, pourquoi pas ? Mais je voudrais surtout vous solliciter pour une initiative que nous voudrions développer, une initiative européenne, le « duo day », qui a lieu en avril. Tout le monde est sollicité pour travailler toute une journée avec une personne handicapée, lui faire découvrir un métier, du président de la République jusqu'aux citoyens et aux artisans, en passant par nos politiques.
Nous voudrions vraiment pouvoir porter cette journée européenne qui se décline déjà en Irlande et en Belgique. Je pense que la France a un signal à envoyer. Comment faire découvrir votre profession, comment découvrir les talents d'une personne handicapée ? Nous vous solliciterons certainement pour participer à ce « duo day » où une personne valide et une personne handicapée vivent toute une journée en binôme.
Monsieur le député Minot, vous nous avez parlé du handicap invisible et vous avez tout à fait raison : 80 % des handicaps sont invisibles. Le spectre est très important et peut aller du handicap psychique aux troubles sensoriels. Soyez assurés que le secrétariat d'État est sensible à toutes les situations de handicap. Du reste, lors du comité interministériel du handicap, nous n'avons pas parlé de types de handicap. La commande était : comment améliorer la vie quotidienne des personnes en situation de handicap ? Nous ne nous sommes pas concentrés sur un type de handicap, exception faite du lancement du quatrième plan autisme, qui était déjà préparé. Ma volonté est de servir le plus grand nombre de personnes en situation de handicap, notamment tous les handicaps invisibles et les maladies rares. Nous souhaitons que chacun puisse vivre de la manière la plus ordinaire avec son handicap, ce qui pose la question de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Il faut que nous valorisions cette reconnaissance pour que les personnes se sentent libérées d'une situation qui les met en difficulté, et qu'elles puissent au contraire s'en servir comme d'un atout.
Nous devons mener tout un travail sur la politique de l'emploi, pour valoriser la situation de handicap et en faire un atout et non plus une charge. Elle est souvent vue comme une contrainte, et non pas comme une incitation. Comptez sur nous pour travailler sur tous les types de handicaps.
Madame O'Petit, vous m'avez interpellée sur les Jeux olympiques et paralympiques. Il y aura une loi olympique, et je compte sur votre vigilance pour que le paralympisme et toutes ses spécificités soient bien pris en compte. Une grande partie de l'organisation sera réservée aux bénévoles, et notamment aux bénévoles en situation de handicap, pour qu'ils participent de manière visible car c'est aussi une façon de changer le regard. Quant aux travailleurs handicapés, ils seront traités comme les autres travailleurs pour l'accès aux emplois créés. Je n'ai pas de réponse plus satisfaisante dans la mesure où il est difficile de réserver des emplois : nous sommes dans le droit commun. Si vous avez des suggestions, je suis tout à fait preneuse.
Monsieur Juanico, vous m'avez parlé de l'AAH et des inquiétudes de ceux qui pourraient y perdre. Je tiens à le répéter : personne n'est perdant sur l'AAH, ni les couples ni les personnes seules. Certains sont plus gagnants que d'autres, c'est vrai, mais personne n'est perdant. Je pourrai vous fournir tous les chiffres : globalement, plus de 870 000 allocataires vont être gagnants de presque un treizième mois. Pour la majorité des couples, cela représentera 180 euros, surtout ceux qui sont tous les deux allocataires de l'AAH. Certes, 75 000 bénéficiaires ne gagneront pas de façon nette, mais personne ne sera perdant. Nous tenons les calculs à votre disposition et nous pourrons tout à fait en discuter plus en détail. C'est assez technique, je dois le reconnaître, et il entre dans ma feuille de route de rendre tout cela beaucoup plus lisible. Les simulations des droits doivent être beaucoup plus simples et visibles, et nous travaillons à cela dans le cadre de l'amélioration de l'accès aux droits.
Madame Mörch, j'aime beaucoup votre histoire montagnarde… Oui, il faut lever l'autocensure à l'égard des pratiques sportives tout à fait épanouissantes et qui font partie de la reconstruction. J'étais hier à la Villette avec Laura Flessel, où nous inaugurions la journée de l'Adapt pour vivre sans limite. L'Adapt est une grosse association qui travaille pour un mode de vie normal dans la cité. Leur journée complète était consacrée à faire voler les personnes handicapées, même lourdement, dans une tuyauterie de soufflerie, avec le concours de la Fédération française de parachutisme. Cela leur apprend à prendre conscience de leur corps, et c'était absolument remarquable.
J'ai entendu votre appel pour aider les associations qui recevaient des subventions ou qui ne bénéficient plus des contrats aidés. Nous travaillons avec deux hauts commissaires et un chargé de mission, M. Borello et M. Itier, qui ont été nommés pour réfléchir à la gouvernance des associations et les accompagner pour qu'elles fonctionnent différemment, en accédant au mécénat privé, au mécénat privé-public et à tous les dispositifs innovants qui existent pour les associations qui connaissent des problématiques de financement. Nous sommes vigilants et nous espérons pouvoir avancer sur ce dossier.
Monsieur Claireaux, votre question est très pointue et je ne peux y répondre aujourd'hui. Je me rapprocherai de la ministre des outre-mer pour vérifier que les collectivités locales remplissent leurs obligations d'emplois. Sur l'ensemble du territoire national, c'est la fonction publique territoriale qui est la plus proche du quota de 6 % de personnes handicapées : c'est la plus vertueuse des fonctions publiques.