Vous avez fait référence à la conférence de Munich qui est, chaque année, le baromètre de l'état des relations internationales sur les questions de sécurité et sur les grands enjeux de la planète.
Mme Florence Parly et moi-même avons participé à cette conférence et j'en retiens trois leçons. La première, sans doute la plus importante, est le constat d'un très gros écart entre les conceptions de l'administration américaine et celles de ses alliés sur de nombreux sujets, en particulier la gestion des instruments du multilatéralisme. Je crois n'avoir jamais observé un tel isolement de l'administration américaine par rapport à ses alliés – je parle bien de l'administration américaine et non pas des États-Unis.
La deuxième leçon concerne l'impérieuse nécessité pour l'Europe de s'unir afin d'assurer sa propre sécurité et ainsi d'éviter d'être le témoin d'événements qui se déroulent sur son territoire et dont la maîtrise lui échappe totalement. L'Europe peut-elle être au rendez-vous des grands défis de ce temps, en particulier de sa sécurité, tout en respectant ses alliances ?
Enfin, il nous est apparu indispensable de contribuer à la refondation du multilatéralisme. Le multilatéralisme, ce sont des règles, des traités, le contraire de la loi du plus fort. Les puissances et les bonnes volontés sont-elles suffisamment nombreuses aujourd'hui pour relancer le multilatéralisme sous de nouvelles formes face aux grands enjeux sécuritaires mais aussi climatiques, numériques et migratoires ? C'est ce que mon collègue allemand et moi avons essayé de faire.
Peut-être cette conférence de Munich sera-t-elle la première d'un nouveau multilatéralisme.