Merci, cher Didier Le Gac, pour votre « non-question ». Je me permets simplement de vous rassurer à propos de FLOTLOG : cela marche bien aussi.
Alors que les évolutions technologiques ne cessent de s'accélérer – ce qui paraissait de la science-fiction il y a quelque temps ne l'est potentiellement plus du tout –, l'intelligence artificielle est évidemment au coeur de nos préoccupations. En matière d'armement, elle peut sembler un risque avant de paraître une chance. Je pense, pour ma part, qu'elle est un peu les deux. Nous travaillons donc à identifier tout ce que l'intelligence artificielle peut apporter à nos équipements et quels risques elle peut représenter. Il faut mener ce travail à son terme. Je ne saurais donc prendre position aujourd'hui sur l'intelligence artificielle. Est-ce bien ou mal ? Est-ce utile au secteur de la défense ou dangereux ? À quelles conditions son éventuelle utilisation doit-elle être soumise ? C'est en tout cas un sujet d'actualité. Lorsque la question aura été complètement étudiée, y compris dans ses aspects éthiques, il sera utile que nous partagions le fruit de notre réflexion.
J'ai noté la private joke de M. Ferrara à propos du Caracal. Nous avons bien le sujet à l'esprit, Monsieur le député.
La question de l'A400M est en revanche tout à fait nouvelle. En effet, l'objectif était d'avoir cinquante A400M. Nous en aurons vingt-cinq dans le cadre de la loi de programmation militaire. Qu'en sera-t-il ensuite ? Je ne connais pas encore la réponse. Et vous avez tout à fait raison, Monsieur le député, de souligner qu'il faut prendre en compte l'arrivée des C-130J. Il convient d'examiner attentivement les performances respectives de ces deux types d'avion et leur complémentarité. La priorité est en tout cas de faire voler les A400M que nous avons et ceux que nous aurons bientôt.
Une mission sur le transport stratégique a effectivement été confiée aux inspecteurs généraux. Ne disposant pas encore du rapport attendu, je ne peux vous en livrer les conclusions ; c'est encore un peu tôt, mais, le moment venu, nous pourrons tout à fait les évoquer ensemble.
La direction de la maintenance aéronautique a été créée au mois d'avril 2018. C'est récent, mais je peux déjà vous dire que nous avons complètement rénové la gouvernance du maintien en condition opérationnelle et que nous avons revu nos organisations en profondeur. Nous avons complètement revu l'architecture de nos contrats, parce que nous pensons qu'il faut responsabiliser les industriels dans le cadre de ces contrats – il faut donc, le plus possible, des contrats uniques et « de bout en bout ». J'ai notifié il y a peu de temps le premier contrat, qui concerne le maintien en condition opérationnelle (MCO) de la flotte d'hélicoptères Fennec des écoles de l'armée de terre. C'est une première illustration de cette volonté d'identifier un industriel responsable de l'ensemble d'une flotte. La transformation du service industriel de l'aéronautique est par ailleurs en cours ; cette réforme verra certainement le jour au cours de l'année 2019. Enfin, je n'oublie pas que la loi de finances pour 2019 marque un effort très significatif du MCO aéronautique, qui permettra d'accompagner la montée en puissance de la direction de la maintenance aéronautique.
La doctrine de la dissuasion nucléaire, au coeur de notre politique de défense, est formulée et déterminée par le président de la République, à qui il appartient, s'il l'estime nécessaire, de la faire évoluer. Vous écouterez donc attentivement, au cours des prochains mois, ce qu'il dit ou ne dit pas. Sur le fond, il est certain que l'évolution du contexte stratégique ne fait que renforcer la pertinence et l'importance de la dissuasion nucléaire. Lundi dernier, au terme d'un vol de onze heures, nous avons pu effectuer un tir d'essai d'un missile air-sol moyenne portée amélioré (ASMP-A), et nous avons également employé un A330 Phénix, qui est un des éléments majeurs qui contribuent à la dissuasion nucléaire française. C'était la première fois que le Phénix était utilisé dans ce cadre.
Quant au service national universel, effectivement, 3 000 jeunes participeront, à partir du mois de juin, à une expérimentation conduite dans treize départements pilotes. Les armées y contribueront, d'abord, avec l'élaboration d'un module sur les questions de défense et, par ailleurs, avec la formation des formateurs. Nous serons donc au rendez-vous convenu pour la formation des formateurs. Pour le reste, il n'a jamais été question que le ministère des Armées participe au transport ou à l'hébergement des jeunes concernés ; nous ne disposons tout simplement pas des moyens patrimoniaux qui le permettraient.
Il est un peu tôt pour dresser un bilan de l'activité de l'Agence d'innovation de défense, toute jeune puisqu'elle a été créée, formellement, le 30 août dernier. Ses missions principales sont de mettre en oeuvre la politique ministérielle en matière d'innovation et de recherche scientifique, de conduire les dispositifs d'innovation et de recherche qui lui sont confiés et de mettre en oeuvre et de développer, lorsque c'est nécessaire, des partenariats avec des acteurs publics et privés. Nous voulons pouvoir nous saisir de toutes les innovations qui foisonnent dans le secteur civil, selon des cycles très court, et en faire profiter les grands programmes d'équipement d'armement, qui, eux, se développent sur des cycles très longs. Nous aurons, dès l'année prochaine, la possibilité de dresser un premier bilan. Je suis en tout cas très heureuse que cette Agence ait pu lancer, au mois de novembre dernier, le premier forum d'innovation de défense ; j'espère, Mesdames et Messieurs les députés, que vous avez pu y participer, car cette réunion d'autant d'innovateurs du monde civil était extrêmement intéressante et prometteuse pour nous.
J'en viens à la coopération entre la France et le Royaume-Uni dans le contexte du Brexit. Il est certain que ce contexte ne facilite pas nécessairement la poursuite du dialogue avec le Royaume-Uni. Néanmoins, nous continuerons de la mener dans un cadre bilatéral. Car, tant que nous ne pouvons pas recréer un cadre entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, il est d'autant plus important de faire vivre ce dialogue dans un cadre bilatéral.
En 2018, nous avons décidé, mon homologue britannique et moi-même, de réunir deux fois par an le dialogue franco-britannique dans le domaine de la défense. Ainsi, nous avons tenu un conseil ministériel de défense franco-britannique à l'automne dernier, après nous être vus au mois de mai.
Sur le terrain, notre coopération est extrêmement vivace, puisque nous bénéficions dans le cadre de l'opération Barkhane, du soutien direct de trois hélicoptères Chinook, ainsi que de leurs équipages. J'ai pu, à Gao, me rendre compte par moi-même de l'importance et de la valeur ajoutée très importante que représentent ces hélicoptères. Mais nous avons aussi une coopération maritime dans la région indopacifique. Nous disposons également de la Force expéditionnaire interarmées ou Combined Joint Expeditionary Force (CJEF), qui atteindra sa pleine capacité opérationnelle, comme prévu, en 2020. La coopération est donc très importante.
Dans le secteur des capacités, nous avançons également dans le domaine de la guerre des mines, comme nous avançons dans le développement de briques capacitaires qui seront utiles au programme SCAF.
Il est vrai que nous avons cependant quelques difficultés, qu'il ne faut pas se cacher, dans le domaine de la coopération européenne. Car nous avons buté, dans le cadre du programme Galileo, sur la volonté exprimée par le peuple britannique de sortir de l'Union européenne. Par conséquent, il n'était plus possible de continuer de sélectionner des entreprises britanniques, dans le cadre des appels d'offres du programme Galileo, puisque les Britanniques n'ont plus vocation à faire partie de ce programme, en tout cas pour sa partie cryptée à usage militaire.
S'agissant de Boko Haram, nous soutenons la force multinationale mixte, avec les Britanniques et les Américains. Cela dit, il est vrai que les progrès dans la lutte contre Boko Haram sont insuffisants. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, Boko Haram n'est que contenue. Et à quel prix ! Nous voyons en effet que l'armée du Nigeria rencontre des difficultés dans la lutte contre ces groupes terroristes. Cela constitue une forme de faiblesse, puisque, chaque fois que l'armée nigériane est attaquée et que ces équipements sont pris par les terroristes, la lutte contre ce groupe en devient encore plus exigeante.
Nous accompagnons en matière de renseignement, les forces qui sont impliquées dans la lutte contre Boko Haram. Nous le faisons dans le cadre de la coordination entre la France, les États-Unis et le Royaume-Uni au sein de la cellule de coordination et de liaison. Mais nous le faisons aussi de façon bilatérale, en appuyant le Tchad et le Niger.
J'ai mentionné le renseignement, mais nous faisons aussi de la formation et cédons des équipements. Ce soutien s'étend, au-delà de ces deux pays, également au Nigéria et au Cameroun. Nous serons donc certainement amenés à revenir sur les progrès que nous espérons collectivement réaliser dans la lutte contre ce groupe très dangereux.
En ce qui concerne les systèmes spatiaux, nous disposons du système multinational d'imagerie spatiale pour la surveillance, la reconnaissance et l'observation programme MUSIS. C'est dans ce cadre qu'a récemment eu lieu le lancement du premier satellite d'observation, dit Composante spatiale optique (CSO), qui succède au programme Hélios 2. Le lancement de ce satellite s'est bien passé. Les premières images qu'il a livrées sont tout à fait conformes aux attentes. Nous allons poursuivre dans cette voie, puisque la loi de programmation militaire prévoit le lancement de deux autres satellites CSO, ainsi que le renouvellement de l'ensemble des capacités satellite et radar qui constituent nos outils actuels.