Monsieur le rapporteur, il n'est pas très rassurant de vous entendre dire que vous aviez prévu un premier dispositif avant de proposer exactement l'inverse de ce que vous aviez souhaité. Montesquieu disait qu'il ne faut toucher aux institutions que d'une main tremblante ; il faut également savoir toucher à la fiscalité d'une main précautionneuse, sans quoi les conséquences sur le pouvoir d'achat sont dramatiques.
Par ailleurs, je trouve votre proposition assez injuste. Avec un salaire annuel de 20 320 euros par an, autrement dit aux alentours de 2 000 euros par mois qui sont le salaire moyen, un contribuable célibataire sera taxé à 10 %. Mais s'il passe à 28 000 euros par an, c'est-à-dire s'il perçoit 2 233 euros par mois, il sera taxé à 20 %, soit le double. C'est lourd. À l'autre bout du spectre, c'est-à-dire pour les gens qui gagnent vingt ou cinquante fois plus, vous augmentez ce taux par bonds de 1 %. Est-ce cela l'égalité ?
Ce qui me gêne dans votre système, c'est que vous taxez à 48 % la fraction supérieure à 125 000 euros, ce qui revient à traiter de la même manière Bernard Arnault et le haut fonctionnaire. Aussi votre proposition pose-t-elle de vraies questions par rapport au principe de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen sur la juste contribution en fonction de ses revenus.