L'agriculture européenne, quelle que soit la filière, connaît une situation compliquée. Aujourd'hui, ce sont les aides de la PAC, et non la vente des produits, qui constituent tout ou partie du revenu de nos agriculteurs. De plus, à l'image de l'agriculture française qui était très exportatrice, la compétitivité de nos produits ne cesse de décroître.
Il me semble que cela est dû à deux facteurs. Tout d'abord nous mettons en concurrence nos produits agricoles européens avec des produits qui n'obéissent absolument pas aux mêmes normes de production et dont les coûts de production sont donc significativement inférieurs aux nôtres. Or, les enjeux environnementaux sont tels que nous ne pouvons continuer ainsi.
L'autre facteur est plus spécifiquement lié à la situation française. Il y a un vrai déséquilibre au sein de l'économie agricole française avec une grande distribution qui ressemble furieusement à un oligopole, une transformation avec quelques grandes entreprises et une production qui est très peu organisée et très diverse. L'aval de la filière est très clairement en force par rapport à l'amont.
Des États généraux de l'agriculture, qui rassemblent l'ensemble des filières agricoles françaises, des producteurs aux consommateurs, il ressort une piste de travail : croyez-vous possible de reconnaître une exception « agriculturelle » européenne, tout comme on a reconnu une exception culturelle ? Pour être plus clair, croyez-vous possible, d'une part, d'appliquer une taxe à l'importation sur des produits qui n'obéiraient pas aux mêmes normes et conditions sanitaires et environnementales que les nôtres, d'autre part, de permettre un regroupement et un échange d'informations tarifaires entre les producteurs d'une même filière afin de rééquilibrer le rapport de force ?