Monsieur le ministre de l'économie, le 14 février, salariés, agriculteurs et élus apprenaient avec stupéfaction la décision du groupe allemand Südzucker, de fermer en 2020 son usine, filiale Saint-Louis Sucre, située à Cagny, dans la circonscription dont je suis élue – une décision brutale, prise sans aucune concertation, en catimini, lors du conseil de surveillance de cette entreprise, fin janvier. C'est une méthode qui, malheureusement, devient habituelle : tout devrait donc passer après l'intérêt des actionnaires, qui réclament toujours plus de dividendes et ne se soucient guère de l'impact sur le territoire concerné – en l'occurrence, le Calvados.
Cet impact, c'est la suppression de cinq emplois directs et de soixante-quinze saisonniers à la sucrerie, et d'environ cinq cents emplois indirects. C'est aussi une grave menace pour l'activité des plus de mille producteurs de betteraves qui approvisionnent le site. C'est donc un véritable séisme pour l'emploi, pour toute une filière et pour tout le territoire.
Hier, lors d'une réunion en préfecture, où j'ai regretté l'absence des salariés, le directeur du site est loin de nous avoir convaincus – État, élus et betteraviers – de la justification économique de cette catastrophe annoncée.
Pis, nous avons tous compris que le choix des Allemands vise à empêcher toute reprise d'activité, puisqu'une partie de l'usine sera reconvertie en site de stockage, avec huit salariés : comme pour Ford à Blanquefort, on déclare qu'un site n'est pas rentable, mais on refuse de le vendre. C'est un cynisme assumé, dénoncé d'ailleurs par le Président de la République.
Il y a pourtant une détermination partagée des salariés, des élus et des collectivités locales pour soutenir le plan de reprise du syndicat des betteraviers et sauver le site de Cagny. Il y a urgence à organiser, dans les prochains jours, une réunion avec les dirigeants allemands du groupe.
Monsieur le ministre, aidez-nous à ouvrir la porte de cette négociation avec les Allemands. C'est là un cas concret de plus qui prouve qu'une véritable politique du maintien de l'industrie en France s'impose.