Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du mardi 5 mars 2019 à 15h00
Débat en vue du conseil européen des 21 et 22 mars 2019

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Les Français ne s'y trompent plus, et sont lassés d'entendre ce donneur de leçons expliquer sans relâche à tout le monde ce qu'il convient de faire et ce qu'il convient de penser. Nous imaginions que la légendaire arrogance macronienne s'arrêtait aux frontières de notre pays et que les peuples d'Europe avaient la chance d'y échapper, mais, avec cette lettre, elle n'a plus de limites ! Voilà qu'il donne des leçons à l'Europe entière, voire au monde entier.

Et ces leçons sont insupportables, car, s'il place la liberté, la protection et le progrès au coeur du projet de la République en marche, il fait l'inverse en France et il voudrait que nous croyions que, avec cela, tout ira pour le mieux en Europe.

La liberté ? Quand j'apprends qu'un couple de retraités de Saint-Romain-de-Colbosc près du Havre, qui n'a jamais eu affaire à la justice, est convoqué au tribunal pour avoir participé à un rassemblement de gilets jaunes sans entraver la circulation, je ne vois plus la liberté.

La protection ? Vous qui n'avez cessé de casser les protections sociales, n'avez-vous pas honte de citer la protection comme solution après l'avoir méthodiquement détruite ?

Le progrès ? Où est le progrès, lorsqu'on fabrique à tour de bras des traités de libre-échange qui détruiront notre environnement et nos emplois ? Il ne suffit pas de parler du progrès social pour être progressiste : encore faut-il le réaliser !

Le bilan des libéraux est tellement affligeant, en France comme en Europe, que leurs gourous changent de vocabulaire en travestissant les mots. Ils n'effaceront pas pour autant leurs actes, qui ont laissé des traces profondes dans nos sociétés. Car leur bilan risque d'être difficile à porter : un chômage qui augmente en France, une croissance dont les fruits vont au capital et de moins en moins au travail, la lutte contre l'évasion fiscale qui est insuffisante, la pauvreté et l'exclusion sociale qui ne disparaissent pas, le climat et l'environnement qui sont ignorés, les droits de l'homme qui sont malmenés dans chacun des États membres, à commencer par le nôtre.

Mais ce n'est pas étonnant. En 1989, l'un de nos collègues disait de l'efficacité du capitalisme : « L'efficacité, c'est 10 % de chômeurs par rapport à la population active ? L'efficacité, c'est la misère que l'on trouve en France et qui se généralise ? L'efficacité, ce sont des universités dans lesquelles trois fois plus d'étudiants sont inscrits qu'il n'y a de place pour les recevoir ? L'efficacité, ce sont les délégués syndicaux poursuivis devant les tribunaux ou licenciés simplement parce qu'ils sont militants syndicaux. Ça, c'est la France. Voilà la réalité du capitalisme et son efficacité. » Il s'agissait de Roland Leroy, député de Seine-Maritime de 1967 à 1981, et directeur de L'Humanité.

1 commentaire :

Le 13/03/2019 à 17:30, Laïc1 a dit :

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"La liberté ? Quand j'apprends qu'un couple de retraités de Saint-Romain-de-Colbosc près du Havre, qui n'a jamais eu affaire à la justice, est convoqué au tribunal pour avoir participé à un rassemblement de gilets jaunes sans entraver la circulation, je ne vois plus la liberté."

Pourquoi sont-ils convoqués s'ils n'ont enfreint aucune loi ?

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