La politique familiale est un pilier essentiel de notre République, qui s'articule autour de trois leviers : des prestations monétaires, à l'image des allocations familiales ; des dispositifs fiscaux tels que le quotient familial ; des services publics, comme les établissements d'accueil de jeunes enfants.
Tous poursuivent une diversité d'objectifs : la lutte contre la pauvreté des familles ; une meilleure conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale ; le soutien à la natalité. Or, force est de constater qu'aucun de ces trois grands objectifs n'est pleinement atteint, au premier rang desquels la lutte contre la pauvreté infantile. C'est tout simplement inacceptable, sachant qu'un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté ; c'est un sujet qu'ambitionne de régler la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté. Dans le cadre du grand débat national, ce sujet de la grande pauvreté des familles revient systématiquement. Qu'il s'agisse de retraités, d'actifs ou de personnes en recherche d'emploi, ils sont nombreux à faire état de leurs difficultés à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants ou de leurs petits-enfants. Parmi eux, je veux souligner la singularité des familles monoparentales : 40 % d'entre elles vivent sous le seuil de pauvreté et les situations se compliquent encore un peu plus lorsque les enfants atteignent l'âge de six ans.
Une proposition revient de manière constante dans le cadre du grand débat national : l'attribution des allocations familiales dès le premier enfant. C'était l'une des propositions que j'avais faites dans le cadre d'une mission d'information sur la politique familiale. Dans le cadre de ses travaux, la Cour des comptes constate d'ailleurs que « la France se caractérise par un net ressaut de la prévalence de la pauvreté pour les familles avec un seul enfant. » Autrement dit, et presque paradoxalement, une famille ayant un enfant est plus exposée à la pauvreté qu'une famille ayant deux enfants. En partant du principe que l'on resterait à enveloppe constante, le coût de cette mesure pourrait être estimé à 2,5 milliards d'euros. J'aimerais donc, madame la secrétaire d'État, connaître votre avis concernant cette proposition d'allocations familiales dès le premier enfant.