Intervention de Nicole Belloubet

Séance en hémicycle du mardi 5 mars 2019 à 21h30
Débat sur la judiciarisation et la criminalisation de l'action militante

Nicole Belloubet, garde des sceaux, ministre de la justice :

Si j'ai bien compris votre question, elle s'attache à deux points assez différents : d'une part, l'intérêt pratique de la loi adoptée à l'Assemblée nationale sur la liberté de manifester ; d'autre part l'usage d'armes de type LBD – lanceurs de balles de défense.

Sur le premier point, j'ai toujours pensé, dans la stricte ligne de la jurisprudence du Conseil constitutionnel, que la liberté de manifester était une liberté fondamentale qui découlait des textes constitutionnels consacrant la liberté d'aller et venir et la liberté d'exprimer son opinion. Il est important de le rappeler.

Je le disais à l'instant, cette liberté peut faire l'objet d'atténuations en raison de la nécessité de la concilier avec d'autres exigences à valeur constitutionnelle telles que le respect des biens et des personnes. C'est donc dans cet équilibre que nous devons toujours rechercher le respect de l'État de droit.

Dans la proposition de loi en l'état actuel, l'équilibre autour de l'article 2 consacré aux mesures administratives me semble atteint : des critères permettant d'édicter cette mesure administrative sont prévus, et surtout un contrôle juridictionnel est ouvert, dès lors que quarante-huit heures avant la manifestation, on peut parfaitement saisir le juge administratif en référé. Cette double contrainte, ce double encadrement, me fait penser que l'équilibre est respecté.

Sur l'utilisation des LBD, vous avez cité plusieurs personnes ou institutions, et vous auriez encore pu citer le Défenseur des droits. Je vous rappelle cependant que cette utilisation a été soumise au Conseil d'État, qui a rendu un arrêt très clair dans lequel il n'a pas considéré qu'il y avait d'illégalité à employer ces armes lorsqu'il existait une nécessité et qu'elles étaient utilisées de manière adaptée et proportionnée.

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