Nous sommes amenés à discuter aujourd'hui des contrats aidés. Selon l'Institut national de la statistique et des études économiques – INSEE – , c'est un contrat de travail dérogatoire au droit commun, pour lequel l'employeur bénéficie d'aides, qui peuvent prendre la forme de subventions à l'embauche, d'exonérations de cotisations sociales, d'aides à la formation. Cette définition illustre parfaitement la dérive des emplois aidés, puisqu'ils se focalisent sur les bénéfices de l'employeur et en aucun cas sur les personnes concernées.
Cela me rappelle un coup de téléphone de mon expert-comptable, faisant suite à la réception d'une déclaration d'embauche que je venais de lui transmettre : « Monsieur Démoulin, il y a un problème : la personne que vous voulez recruter n'est éligible à aucune aide à l'embauche. » Regarder les aides à l'emploi est devenu un réflexe systématique alors qu'il faudrait avant tout prendre en considération les compétences, la motivation ou la considération. Autre exemple, lors d'une visite chez un client, j'ai souhaité discuter de la description du poste d'un de ses salariés et la réponse du manager fut : « Lui, c'est un contrat aidé. »
Ces deux anecdotes démontrent bien à quel point ces contrats aidés se résument trop souvent à un statut alors qu'à mes yeux, la création d'un emploi, c'est avant tout une personne, sa valeur ajoutée. Ces emplois aidés, subventionnés, se sont transformés en contrats d'aide à l'employeur. Nous avons fait, pour notre part, le choix inverse, celui de l'émancipation des bénéficiaires…