L'hydroélectricité est encore aujourd'hui la première énergie électrique renouvelable, et surtout la deuxième source de production électrique française, avec 67 térawattheures en moyenne, soit la consommation de plus de 9 millions de personnes. Le bassin Rhône-Méditerranée produit pas moins de 60 % de l'énergie hydroélectrique nationale.
Cette énergie a donné naissance à des aventures fabuleuses : je pense par exemple à celle de la Compagnie nationale du Rhône, la fameuse CNR, créée dans cet hémicycle même. À l'époque déjà, on parlait non seulement d'hydroélectricité, mais aussi des nombreux usages de l'eau.
Contrairement à l'électricité qui n'est pas stockable, l'hydroélectricité peut être facilement mobilisable – dans un délai de l'ordre de dix à quinze minutes – en cas de pic de consommation, l'hiver notamment, ou en cas d'incidents sur le réseau électrique. On finance aujourd'hui de grands projets de recherche sur le stockage de l'électricité, sur les batteries. Mais les premières grandes batteries, ce sont les barrages ! Les stations de transfert d'énergie par pompage – STEP – permettent de remplir des réservoirs, la nuit par exemple, et ainsi de stocker de l'électricité.
Si la construction des grands barrages visait au départ la production d'électricité, les temps ont bien changé ! L'hydroélectricité joue également un rôle important dans la gestion de la ressource en eau. Longtemps montrée du doigt pour ses conséquences sur le milieu naturel, la filière prend aujourd'hui en considération la protection des milieux aquatiques, par exemple : passes à poissons ; dispositifs de franchissement des cours d'eau ; délivrance de débit réservé – et les contraintes en la matière ont été renforcées durant les législatures précédentes ; participation aux plans de restauration d'espèces piscicoles en voie de disparition… Je pourrais encore parler de la gestion des matériaux solides, afin de préserver le profil en long de la rivière, de la sécurisation des lâchers d'eau, de la gestion des débits d'étiage, déjà évoqués, de l'alimentation en eau potable, ou encore, ce qui est très peu connu, du rôle d'écrêteur de crue, par exemple là où se produisent des événements cévenols, ce qui est absolument essentiel pour faire face au changement de notre climat.
Voilà autant d'actions qui sont nées au fil du temps et sont aujourd'hui menées en lien étroit avec les collectivités territoriales. Nous souhaitons bien évidemment que le cahier des charges, si mise en concurrence il doit y avoir, intègre l'ensemble de ces enjeux, peu à peu pris en considération par l'opérateur historique au cours des dernières décennies.
Le groupe Les Républicains défend d'abord la modernisation de ces installations : nous pourrions ainsi améliorer notre potentiel hydroélectrique.
Nous souhaitons, au cas par cas, lorsque les acteurs locaux, y compris les acteurs environnementaux, l'acceptent, la poursuite du développement de l'hydroélectricité. Comme dans beaucoup de secteurs, les normes fiscales et environnementales sont en croissance : rappelons que la fiscalité représente aujourd'hui un tiers du coût de l'hydroélectricité. Nous souhaitons néanmoins la développer à chaque fois que cela est possible. Les schémas d'aménagement et de gestion des eaux – SAGE – et les commissions locales de l'eau – CLE – permettent de trouver, avec les associations environnementales, les équilibres nécessaires.
Le groupe Les Républicains regrette ainsi que le projet de programmation pluriannuelle de l'énergie – PPE – ne prévoie que 1 gigawattheure supplémentaire d'ici à 2038, alors que le potentiel est estimé à au moins 2 gigawattheures.
Enfin, je voudrais, comme d'autres de nos collègues, aborder la question du renouvellement des concessions hydroélectriques. Il ne faudrait pas que l'ouverture à la concurrence conduise à une multiplication des acteurs, et ainsi à un démantèlement de la production hydroélectrique, alors que ce secteur est l'un de nos fleurons. Il ne faudrait pas non plus qu'elle mette fin à la gestion coordonnée des ressources en eau et aux efforts déjà réalisés dans ce domaine. Comment ne pas craindre que certains nouveaux concessionnaires ne s'intéressent davantage à la rentabilité de leurs investissements qu'à la gestion globale de l'eau et surtout à la sécurisation des ouvrages ?