Intervention de Christine Pires Beaune

Séance en hémicycle du jeudi 7 mars 2019 à 9h30
Rétablissement de l'isf et renforcement de la progressivité de l'impôt sur le revenu — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristine Pires Beaune :

La politique fiscale, menée aujourd'hui par le Gouvernement, avec la complicité de sa majorité, renforce ardemment le sentiment d'injustice et explique pour partie le mouvement des gilets jaunes. En effet, la hausse de la CSG dès votre arrivée, la diminution des APL – aides personnalisées au logement – dès votre arrivée ainsi que la suppression de l'ISF et l'instauration de la flat tax dès votre premier budget mettent en péril le consentement à l'impôt, qui garantit pourtant la cohésion sociale du pays.

Afin de redonner confiance à nos concitoyens, une bonne mesure serait de rétablir l'ISF. C'est pourquoi les députés socialistes ont lancé une procédure de référendum d'initiative partagée sur ce sujet en application de l'article 11 de la Constitution. J'en profite pour remercier tous nos collègues qui se sont joints à la démarche et lance un appel aux autres parlementaires : si vingt-quatre parlementaires nous rejoignent, le peuple français pourra donner son opinion sur le rétablissement de l'ISF.

Si Michel Rocard affirmait, au moment où cet impôt fut rétabli en 1988, que le principal problème posé est « la définition du meilleur équilibre entre la solidarité nécessaire et la pertinence économique », force est de constater que l'une et l'autre sont ignorées par votre politique. Quelle justice fiscale quand la transformation de l'ISF en IFI revient à diviser son assiette fiscale par cinq, faisant échapper à tout impôt le patrimoine mobilier, pourtant largement composé de titres financiers ? Cette mesure est uniquement favorable aux plus aisés car la part du capital mobilier ne cesse de croître avec le revenu.

Quelle solidarité lorsque la philanthropie se délite ? En seulement un an, les dons aux associations ont chuté de 50 %, soit la bagatelle de 140 millions d'euros. Cela représente 10 % du total de leurs subventions, ce qui affecte nécessairement leur fonctionnement et les personnes auprès desquelles elles interviennent. Quelle équité quand les plus aisés sont deux fois moins nombreux à être assujettis à l'IFI qu'ils ne l'étaient à l'ISF ? En effet, 350 000 contribuables payaient l'ISF, quand seulement 150 à 180 000 payent désormais l'IFI.

La transformation de l'ISF en IFI est également dénuée de pertinence économique. Quel impact positif sur l'économie est-on en droit d'attendre lorsque l'on sait, depuis Keynes, que la propension marginale à consommer des plus hauts revenus est moins élevée que celle des très bas revenus ? Dit autrement, un euro supplémentaire distribué aux ménages les plus modestes aura un impact plus important sur la croissance que si cet euro avait été octroyé à un ménage aux revenus plus élevés.

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