Intervention de Jeanine Dubié

Séance en hémicycle du jeudi 7 mars 2019 à 9h30
Augmenter le salaire minimum et les salaires en accompagnant les très petites les petites et les moyennes entreprises — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJeanine Dubié :

Et si le SMIC passait à 1 300 euros net par mois ? Cette question a été beaucoup entendue dans les manifestations des gilets jaunes, et au-delà du mouvement de contestation, l'augmentation du SMIC est une revendication plutôt largement partagée parmi la population. Pourtant, elle semble encore être une question taboue.

Le Gouvernement a ainsi écarté cette solution en décembre, en choisissant d'augmenter la prime d'activité. Par ailleurs, il n'en n'est pas non plus question dans le cadre du grand débat national, dont les quatre thèmes mis sur la table par le Président sont la fiscalité, l'organisation de l'État, la transition écologique, et enfin la démocratie et la citoyenneté. La question du travail et de sa rémunération brille par son absence !

Or, le Président le reconnaît lui-même : on trouve souvent à la racine du désespoir et de la colère exprimés par nos concitoyens des salaires trop faibles pour que certains puissent vivre dignement du fruit de leur travail. En 2018, le nombre de personnes rémunérées au salaire minimum s'élevait à 1,98 millions en France, dont 58 % sont des femmes, toutes payées moins de 8 euros net de l'heure, soit 1 200 euros nets par mois.

Nous n'avons pas attendu la crise des gilets jaunes pour nous rendre compte qu'il est bien difficile de vivre, en France, avec 1 200 euros par mois. Nous avons tous conscience des options limitées qui s'offrent à ces travailleurs en termes de pouvoir d'achat.

Vivre avec le salaire minimum, qu'est-ce que cela signifie concrètement ? Cela veut souvent dire faire ses courses au hard-discount, choisir les produits les moins chers, malheureusement de moins bonne qualité. Cela signifie aussi mettre les sorties et les loisirs de côté.

Travailler en étant payé au salaire minimum, c'est compter en permanence : pour le loyer, l'électricité, pour les factures de téléphone et pour la cantine. Une fois les dépenses essentielles et incompressibles payées, quand on y arrive, que reste-t-il ? Pas grand-chose : en moyenne, il reste en effet aux foyers modestes environ 180 euros dit de revenu arbitrable.

Le poids de ces dépenses contraintes a fortement progressé depuis le début des années 2000. Elles représentent 60 % du budget des foyers vivant sous le seuil de pauvreté. S'y ajoutent les dépenses alimentaires. Et encore, je ne parle pas des frais de santé ni des aléas de la vie.

Ainsi, selon l'INSEE, le niveau de vie moyen des 40 % de Français les moins riches a diminué entre 2008 et 2016, alors qu'il avait jusque-là eu tendance à augmenter. Cet appauvrissement s'explique en bonne partie par un chômage élevé ainsi que par une évolution du montant du SMIC plus lente que celle de l'ensemble des salaires.

Par conséquent et pour toutes ces raisons, comment ne pas être favorable, sur le principe, à une augmentation du SMIC ?

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