Si nous partageons les objectifs de cette proposition de loi – faire que le travail paie plus, combattre chaque jour davantage la pauvreté au travail et répondre à l'urgence sociale que connaissent certains de nos compatriotes – , je crois qu'elle n'offre pas les outils adéquats pour y parvenir.
J'aimerais d'abord revenir sur le constat assez caricatural dressé, à l'occasion de ce débat, sur les évolutions des salaires en France, notamment celle du salaire minimum. Non, monsieur Peu, le SMIC ne stagne pas en France ! Il augmente même, alors qu'il est déjà l'un des plus élevés d'Europe ! Avec la suppression des cotisations sociales sur le revenu du travail, que nous avons votée lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2018, un salarié au SMIC perçoit 22 euros de plus par mois depuis octobre dernier.
Vous proposez dans l'article 1er d'accroître le SMIC de près de 20 % en trois ans et de 7 % dès juillet prochain. Cette hausse correspondrait à la plus forte augmentation jamais connue en France depuis 1981 ! Et rappelons qu'à cette date, l'inflation s'élevait à 13 % ! Aujourd'hui, vous voudriez donc augmenter le SMIC alors que nous connaissons une inflation moyenne de 1,8 %. Une telle hausse ne créerait pas d'emplois mais en détruirait, et ne renforcerait pas plus le pouvoir d'achat. On estime, en effet, qu'un « coup de pouce » au SMIC de 1 % détruit, sur le plan macroéconomique, entre 15 000 et 20 000 emplois.