Intervention de Jean-Hugues Ratenon

Séance en hémicycle du jeudi 7 mars 2019 à 15h00
Augmenter le salaire minimum et les salaires en accompagnant les très petites les petites et les moyennes entreprises — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Hugues Ratenon :

Nous discutons aujourd'hui d'une proposition de loi visant à augmenter le SMIC et à soutenir les TPE-PME, à l'initiative de nos collègues du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.

Je salue le travail fourni. C'est une proposition importante, que nous ne pouvons pas balayer d'un revers de main. Disant cela, je m'adresse surtout aux députés du groupe La République en Marche. En effet, s'il y avait encore un doute, depuis le 17 novembre dernier, personne dans ce pays ne peut nier la vérité : en plus d'autres difficultés, une très grande partie de gens sont mal payés et ont du mal à boucler les fins de mois. Nier cette réalité implacable, c'est faire preuve d'un égoïsme inquiétant.

Selon un rapport de l'Observatoire des inégalités, la France compte plus de 2 millions de travailleurs pauvres. C'est un chiffre énorme et une honte pour notre pays. Comment accepter que le travail maintienne les gens dans la pauvreté ?

Face à cela, quelle a été la réponse du Gouvernement ? Ne donner aucun coup de pouce au SMIC au 1er janvier 2019. Rien. Le néant social et humain. Êtes-vous à ce point aveugles que vous ne voyez pas ce qu'il se passe dans nos rues, dans nos cités, dans nos familles ? Êtes-vous à ce point aveugles que vous ne voyez pas ces gens qui doivent dormir dans leur voiture parce que leur travail ne leur permet pas de payer un loyer ?

En face de cela, vous versez de grosses larmes sur les plus riches : une fois, vous pleurez sur le sort du fraudeur Carlos Ghosn ; l'autre fois, vous supprimez l'impôt de solidarité sur la fortune, puis vous refusez d'en débattre, et aujourd'hui encore, en rejetant la proposition de loi de nos camarades du groupe GDR ; une autre fois encore, vous offrez 40 milliards d'euros aux plus grandes entreprises de ce pays sans jamais leur demander la moindre contrepartie.

Je vous le dis : ça suffit ! Vous avez fait la preuve que votre idéologie, c'est la protection et l'enrichissement des riches. Alors oui, il est temps. Il est temps de prendre de vraies mesures pour augmenter le pouvoir d'achat des Françaises et des Français. Le peuple ne demande pas des cadeaux ; le peuple demande le droit de vivre dignement de son travail ! Nous, députés du groupe La France Insoumise, pensons que cette proposition de loi va dans le bon sens. Nous avons défendu cette augmentation du SMIC lors de la campagne présidentielle et lors des élections législatives. Nous voterons donc cette proposition de loi.

De plus, nous avons déposé un amendement pour aborder la question particulière du coût de la vie dans les territoires ultramarins. Certains collègues sur ces bancs ne connaissent pas bien nos territoires, voire pas du tout, alors je vais m'arrêter quelques instants sur ce sujet.

Du fait des contraintes géographiques et économiques, mais aussi des abus, que subissent l'ensemble des territoires d'outre-mer, le coût de la vie y est beaucoup plus élevé que dans l'hexagone. À La Réunion, un panier alimentaire classique est 38 % plus cher qu'ici !

En 1950, l'État a accordé une prime de vie chère aux fonctionnaires métropolitains qui travaillent outre-mer. Ce coût de la vie, l'État le reconnaît donc. Il aura fallu attendre 1953 et soixante-deux jours de grève dans l'ensemble des départements d'outre-mer pour que cette fameuse prime de vie chère soit accordée aussi aux fonctionnaires ultramarins qui travaillent dans leur territoire. Les salariés du secteur privé et les non-titulaires de la fonction publique, eux, ne bénéficient toujours pas de cette prime. Pourquoi cette discrimination dans un même territoire, dont l'ensemble de la population rencontre les mêmes difficultés ? Cela nourrit un sentiment d'injustice.

Reconnaissons enfin que la vie est chère pour tout le monde outre-mer, et appliquons l'égalité de traitement. Nous avons déposé un amendement pour que le Gouvernement travaille à une solution permettant l'instauration d'une prime de vie chère pour l'ensemble des salariés ultramarins.

Mes chers collègues, je vous appelle à voter pour cette proposition de loi et pour notre amendement.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.