Dans son rapport Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent, paru en 2017, l'organisation non gouvernementale Oxfam indiquait que le nombre de milliardaires dans le monde a connu sa plus forte hausse de l'histoire, avec un nouveau milliardaire tous les deux jours. Leur richesse a augmenté de 762 milliards de dollars, soit sept fois le montant qui permettrait de mettre fin à la pauvreté extrême dans le monde.
En 2017 toujours, 82 % des richesses créées dans le monde ont bénéficié au 1 % des personnes les plus riches, alors que la situation n'a pas évolué pour les 50 % les plus pauvres, qui sont précisément celles et ceux qui produisent ces richesses.
La France n'est pas en reste. En 2017, les 10 % les plus riches détenaient plus de la moitié des richesses nationales quand les 50 % les plus pauvres se sont partagés seulement 5 % du gâteau. Trente-deux milliardaires possèdent désormais autant que les 40 % les plus pauvres de la population.
Notre pays est également champion d'Europe de la rémunération des actionnaires : en 2017, les entreprises du CAC 40 leur ont versé 44 milliards d'euros de dividendes. C'est trois fois plus qu'il y a quinze ans, tandis que le salaire moyen n'a augmenté que de 14 % au cours de la même période.
Un comparatif suffit à donner une idée de l'ampleur de ces inégalités : 10 % des dividendes versés par Carrefour en 2016, lesquels s'élevaient à 523 milliards d'euros, suffiraient à assurer un niveau de vie décent à plus de 39 000 travailleurs et travailleuses du secteur du textile au Bangladesh, où sont produits un grand nombre des articles vendus dans ces grandes surfaces.
En 2018, les salariés de Carrefour ont fait grève pour réclamer non pas des primes mais une augmentation des salaires, des embauches et l'amélioration des conditions de travail.
En France, les écarts sont particulièrement significatifs au sein même des entreprises et dans leur chaîne de production. À titre d'exemple, en moins d'une journée, le PDG de Sanofi gagne l'équivalent du salaire annuel moyen dans l'entreprise.
Et ce n'est pas un phénomène conjoncturel, mais structurel, car, depuis trente ans en France, la part des revenus du travail dans le PIB a diminué de 10 points au profit de la rémunération du capital.
La proposition de loi présentée aujourd'hui par le groupe GDR est donc particulièrement pertinente et bienvenue.