Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du jeudi 7 mars 2019 à 15h00
Augmenter le salaire minimum et les salaires en accompagnant les très petites les petites et les moyennes entreprises — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Je maintiens ce que j'ai déclaré dans le cadre de la discussion générale : en France, entre 1981 et 2011, la part des salaires dans la valeur ajoutée a diminué de près de 10 % – c'est l'INSEE qui l'affirme, l'OCDE ajoutant que cette tendance est la même dans quasiment tous les pays qui relèvent d'elle. Cette donnée est importante car elle nous permet de nous rappeler que la richesse, qui est très importante dans notre pays et dans de nombreux autres, est inégalement répartie. Alors qu'elle est produite par la majorité des salariés, elle est captée, voire accaparée par une minorité. Tel est le contexte général dans lequel nous discutons.

Des moyens pour y remédier existent. Encore faudrait-il que vous soyez prêts à en discuter et à prendre les mesures qui s'imposent pour répartir plus équitablement ces richesses, afin d'en faire bénéficier en priorité ceux qui les produisent. Vous choisissez de rejeter ces solutions, en vous gargarisant des mesures qui ont mené à la crise politique et économique que nous traversons. Cette attitude hallucinante révèle combien vous êtes satisfaits de vous-mêmes, alors que, depuis trois mois, des milliers de nos concitoyens sont dans la rue, soutenus par des millions de Français, pour protester contre les effets de votre politique. Or que le travail ne paie pas est précisément une de leurs principales revendications.

Vous vous gargarisez de la prime d'activité avec de grands effets d'éloquence, alors que vous savez pertinemment que c'est non pas sur le travail, mais sur la solidarité nationale, que repose cette prime. Et, dans le même temps, vous supprimez des cotisations sociales, qui reposent sur les salaires, c'est-à-dire sur le travail.

Nous voterons donc évidemment contre cette motion de rejet préalable, que vous ferez adopter non seulement contre nos collègues du groupe GDR, mais également contre l'ensemble des Français et des Françaises qui, aujourd'hui, se mobilisent. J'espère qu'ils y verront une incitation à vous faire reculer dans la rue, lors des prochaines mobilisations.

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