Je m'exprimerai peu tant je suis impatiente d'examiner ce texte de la gauche démocrate et républicaine – un tel examen est évidemment une exception !
Les intervenants des différents groupes ont fait état d'objectifs partagés. Dans les consciences, les choses évoluent face à l'avancée, à grands pas, de la catastrophe écologique, comme j'ai pu également le constater lors des auditions, y compris lorsqu'il s'agissait de représentants de secteurs assez éloignés idéologiquement, y compris de celui qui est le mien.
Nous sentons là encore que si tout le monde est convaincu, s'agissant des énergies fossiles, qu'il faut à tout prix bannir l'exploitation du charbon, les choses sont en revanche un peu moins évidentes pour le pétrole ou le gaz alors qu'il y a urgence.
Je vais dire quelque chose qui ne portera pas préjudice à notre respect mutuel. Il est faux d'expliquer qu'il y aurait convergence sur l'analyse, mais des divergences sur les solutions à apporter. Les divergences portent aussi sur l'analyse de la situation, car dire que nous allons accompagner le monde de la finance, que nous allons verdir la finance, c'est finalement lui laisser la main et compter sur elle pour atteindre les objectifs que les pouvoirs publics ont fixés. Chacun et chacune d'entre nous peut constater que c'est un leurre, y compris depuis la loi de 2015 sur la transition énergétique et pour la croissance verte : même si le bilan que le Gouvernement doit dresser de son application a pris du retard, nous voyons bien que les choses n'avancent pas, que l'on va même parfois à rebours des engagements pris, notamment dans l'article 2 de l'accord de Paris.
Ce n'est pas faire offense au monde de la finance que de le rappeler : sa raison d'être est de faire du profit, ce qui l'entraîne dans une logique court-termiste. Je ne vois pas pourquoi elle fonctionnerait autrement de sa propre initiative. Il est donc nécessaire de prendre des mesures contraignantes – ce qui n'a rien à voir avec l'écologie punitive – et de montrer que, face à la catastrophe qui arrive, nous prenons nos responsabilités et ne restons pas dans l'inaction.
S'agissant de l'épargne populaire et du livret de développement durable et solidaire, on nous a à nouveau appelés à attendre et à reporter les décisions. Mais le ministre de l'économie et des finances a dit lui-même qu'il y avait tromperie sur la marchandise ! Je peux comprendre que les banques soient confrontées à certains problèmes techniques, mais pour les citoyens, il est important que l'encours des LDDS vise exclusivement les objectifs fixés par la loi. C'est un enjeu démocratique crucial. L'argent épargné par les Français doit servir l'intérêt général, il ne doit pas aller contre leurs intérêts !
Enfin, en réponse aux arguments invitant à attendre les décisions de l'Europe, je ne peux que saluer le rôle pionnier que la France elle-même a pu avoir sur cette question. Je suis persuadée, en effet, que lorsque nous sommes nous-mêmes exemplaires, nous sommes plus forts pour inciter la prise de décisions plus ambitieuses à l'échelle européenne ou mondiale. Et à l'inverse, à chaque fois que nous modérons nos ambitions, cela se traduit par de moindres résultats sur le plan international.