La question de la privatisation d'Aéroports de Paris suscite des débats allant au-delà du bien-fondé de la cession des parts détenues par l'État au sein de cette entreprise. Nous pouvons être fiers qu'ADP soit leader mondial dans la gestion des infrastructures aéroportuaires. La question de son avenir intéresse toute la Nation. Roissy, mon territoire, accueille le deuxième aéroport d'Europe et la préoccupation majeure de nos concitoyens est liée à l'augmentation de la pollution et des nuisances sonores engendrées par la croissance du trafic aérien.
Il faut un plan d'action stratégique visant à faire de la protection des riverains d'aérodromes une priorité. Penser que l'augmentation du trafic aérien est liée à la privatisation d'Aéroports de Paris nous détourne du combat en faveur de la réduction des nuisances sonores et environnementales. La réelle question est celle des conditions de l'acceptabilité de l'activité aéroportuaire sur le territoire.
L'équation que nous devons résoudre est complexe. Dans le cadre d'une compétition internationale, il s'agit d'absorber une partie de la croissance du trafic aérien mondial pour espérer en tirer un bénéfice territorial et national – création d'emplois dans le Val-d'Oise, que le chômage frappe plus fortement qu'ailleurs, retombées économiques pour la Nation –, sans dégrader les conditions de vie des riverains vivant à proximité.
Nous savons que les riverains subissent fortement les nuisances liées à l'activité aéroportuaire, au détriment de leur santé. En témoigne une récente étude de Bruitparif qui démontre que les riverains de l'aéroport du Val-d'Oise vivent en moyenne deux ans et demi de moins en bonne santé que les autres. Nous devons déployer tous les moyens allant dans le sens d'une réduction des nuisances sonores et environnementales et d'une amélioration de la qualité de vie des riverains.
Les progrès de l'aviation civile au cours des dernières décennies ont été spectaculaires, mais ils ne sont pas encore suffisants pour constater une réduction nette des nuisances. Notre pays est le deuxième pays aéronautique au monde : cela nous oblige à répondre aux défis que ce secteur pose.
Plutôt que des effets de manche, il faut développer une réflexion stratégique et globale sur la question des mesures opérationnelles de réduction de l'impact environnemental de la navigation aérienne, autrement dit de ses effets en termes de changement climatique, de bruit, de la qualité de l'air et de performance environnementale des aéroports.
Des avancées peuvent encore être enregistrées, notamment dans le domaine de la qualité de vie des riverains et leur prise en charge. Le fonds d'indemnisation à l'insonorisation doit être abondé et sécurisé afin de permettre l'accélération du processus. En l'état actuel de son financement, il faudrait quinze ans pour finaliser l'insonorisation de tous les logements…