Monsieur le ministre, vous avez développé une thèse selon laquelle il y a, d'une part, des investissements stratégiques d'avenir et, d'autre part, des objets qui peuvent être privatisés. Sans refaire tout le débat, je voudrais vous rappeler qu'il existe une autre conception : dans un monde tout proche du péril écologique, et où la question des souverainetés va être capitale, il y a certains objets – je pense au foncier agricole, aux aéroports et aux ports – qui font partie de l'identité d'une Nation et des éléments stratégiques qui ne doivent pas s'envisager à court terme, mais à l'échelle séculaire d'une civilisation, et qu'il est capital de maîtriser. Sur ce point, votre conception et celle du groupe Socialistes et apparentés correspondent à deux visions du monde.
Si votre démonstration a été brillante, Monsieur le ministre, je vous avoue avoir été un peu perdu quand vous nous avez expliqué que l'État serait davantage en mesure d'exercer un contrôle sur ADP une fois que le groupe aurait été privatisé – mais sans doute aurons-nous l'occasion d'y revenir. Je voudrais cependant vous interroger sur un point très précis, à savoir la comptabilité de l'opération. De nombreux détracteurs de la privatisation soutiennent que nous ne retrouvons pas notre argent dans cette opération : selon eux, aussi bien actuellement qu'en projection, Aéroports de Paris, dans sa configuration d'actionnariat actuelle, rapporte davantage à l'État que s'il était privatisé. Pouvez-vous nous faire une démonstration d'une clarté absolue de l'intérêt de cette opération ?