Intervention de Antoine Herth

Séance en hémicycle du lundi 11 mars 2019 à 16h00
Coopération parlementaire franco-allemande — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAntoine Herth :

Il est vrai aussi que la France a évolué sur sa politique énergétique et a décidé de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim, source de tensions récurrentes outre-Rhin alors que, sur la rive gauche du Rhin, c'est la polémique sur le siège du Parlement européen de Strasbourg qui est source de crispations. Chacun doit apprendre à faire un pas vers l'autre. C'est ainsi que peuvent naître des coopérations remarquables comme Eucor dans les domaines de la recherche et de l'innovation.

Mes chers collègues, le modèle européen que nous avons connu, celui qui a permis à la France de relever le défi de la décolonisation, celui qui nous offert le terreau de la modernisation des années soixante, celui qui nous a donné l'euro, celui qui sert aujourd'hui de caisse de résonance à la voix de la France dans le monde – en un mot, celui qui nous a permis d'entrer la tête haute dans le XXIe siècle – , ce modèle, admettons-le, est en crise.

Faut-il dès lors rebâtir nos frontières et déconstruire l'édifice, comme nous y invitent les mouvements dits populistes ? À l'inverse, faut-il, au forceps, imposer plus d'Europe, alors même que la défiance de nos concitoyens n'a jamais été aussi forte ? L'une comme l'autre de ces solutions, pour des raisons diverses et antagonistes, est risquée, dangereuse, voire suicidaire.

Cet enjeu est la question existentielle à laquelle nous devons impérativement répondre. Certainement, et heureusement, elle sera au centre du prochain scrutin européen auquel les différents partis politiques se préparent. Je formule simplement le souhait que les prochaines semaines puissent voir l'émergence d'un véritable débat et d'une saine clarification.

Or cet accord parlementaire, s'il ne crée pas une construction d'ensemble, constitue précisément un élément tangible permettant d'améliorer l'Europe. Aux cyniques qui affirment qu'il scelle la perte de notre souveraineté, nous répondons qu'il n'impose rien, mais encourage, au contraire, à travailler main dans la main, dans un souci de simplification, et donc d'efficacité, dans l'intérêt partagé de nos peuples. Il instaure le contrepoint parlementaire, inhérent à toute démocratie, aux décisions prises jusqu'à présent, et depuis longtemps, par le Conseil des ministres franco-allemands.

C'est parce que nous partageons cette vision d'un avenir de progrès pour nos pays et nos peuples, parce que nous réaffirmons notre confiance en cette Europe qui nous a tant apporté et sans laquelle la France serait bien en peine de faire face aux défis de demain, parce que nous avons foi dans l'esprit conquérant de ceux qui nous suivront, que nous soutenons cette résolution et encourageons nos collègues du Bundestag à faire de même.

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