Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du lundi 11 mars 2019 à 16h00
Coopération parlementaire franco-allemande — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Ensuite, s'il est bien de produire, il faut aussi éviter de prendre les richesses des autres. Cette phrase ne veut strictement rien dire ! Ce rappel à l'ordre est absolument insupportable.

Mme Kramp-Karrenbaueur nous dit également que « la communautarisation des dettes, l'européanisation des systèmes de protection sociale et du salaire minimum seraient la mauvaise voie. » Or personne n'a proposé un salaire minimum identique pour toute l'Europe. Ce qui a été proposé, c'est un salaire minimum dans chacun des pays, ce qui serait déjà un progrès, tout comme le seraient des critères permettant de parvenir, à un horizon plus ou moins prévisible, à une convergence sociale, sur le modèle des critères de convergence économique.

Récuser d'un mot le salaire minimum, c'est annoncer que l'Europe renonce à toute ambition sociale, comme cela fut le cas lors de l'adoption du fameux socle européen des droits sociaux, qui est un recul par rapport à la charte précédente. Nous croyons que l'européanisation des systèmes de protection sociale serait une bonne chose si elle se faisait par le haut. Chers collègues, le parti dominant de la coalition de la droite et du SPD en Allemagne vient de nous annoncer qu'il n'y aura jamais d'harmonisation ni sociale ni fiscale, puisqu'une telle harmonisation est récusée par la personne qui est pressentie pour diriger demain ce grand pays voisin et ami.

Je passe sur le reste, notamment, sur la façon dont nous comptons « préserver la Création », comme nous le dit Mme Kramp-Karrenbauer, car nous n'avons pas d'avis sur un événement aussi improbable que la Création elle-même. En revanche, nous en avons un sur l'Europe de la protection de l'environnement et de la nature : nous voulons tout de suite l'arrêt de l'utilisation des pesticides. Personne ne nous fera oublier que Monsanto est devenu la propriété de Bayer : nous aurions apprécié d'en lire quelque chose dans le rappel à l'ordre qui nous est adressé.

De la même manière, je ne crois pas que nous ayons à lutter contre ceux qui faussent la concurrence au moyen de mesures protectionnistes ou de monopoles d'État, car la concurrence n'est pas une bonne chose dans tous les domaines, notamment lorsqu'il existe un monopole : nous ne voyons pas pourquoi il faudrait y organiser de force la concurrence. Nous sommes au contraire favorables à des mesures protectionnistes, notamment en matière d'environnement. Il ne faut donc pas « un pacte européen de protection du climat, négocié », comme le prétend Mme la présidente de la CDU, parce que la survie ne se négocie pas ! Il est temps, au contraire, de s'accorder sur des mesures qui s'imposent aux intérêts particuliers en tant qu'elles défendent l'intérêt général.

Par ailleurs, je ne crois pas que l'Europe puisse être considérée comme une puissance garante de sécurité et de paix, parce que nous construirions un porte-avions européen. Si la paix tenaient à un porte-avions, nous le saurions déjà, puisque nous en avons un nous-mêmes – peut-être un jour un deuxième ! – et que, de plus, la sixième flotte nord-américaine se trouve déjà dans la mer Méditerranée avec ses quarante navires. Nous n'avons que faire d'un tel porte-avions, dont personne ne saurait au demeurant qui le commanderait !

Enfin, certaines propositions sont inacceptables pour un Français. Je veux le dire avec fermeté : le siège du Parlement européen à Strasbourg n'est pas un caprice ! C'est une leçon et un symbole de l'histoire.

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