Mes chers collègues, nous sommes nombreux à avoir participé à la cérémonie d'hommage aux victimes du terrorisme qui s'est déroulée aux Invalides et où nous avons pu entendre le Président de la République. Il a fallu reporter de quinze minutes la présente réunion, et je remercie le ministre de l'Europe et des affaires européennes, Jean-Yves Le Drian, de l'avoir accepté. Cette audition de rentrée va nous permettre de faire le tour de l'actualité internationale, même si vous avez souhaité, monsieur le ministre, que l'on se concentre plus particulièrement sur la situation au Proche et Moyen-Orient ainsi que sur les questions européennes. Nous pourrons aborder d'autres questions dans un second temps, si mes collègues le souhaitent.
En ce qui concerne la Syrie, les présidents Poutine et Erdogan ont annoncé lundi dernier qu'ils s'étaient mis d'accord sur l'établissement d'une zone démilitarisée dans la région d'Idlib, avant le 15 octobre prochain. L'accord qui a été conclu prévoit aussi un retrait des armes lourdes avant le 10 octobre. Quel crédit accordez-vous à cet accord ? Constitue-t-il une véritable alternative à l'escalade militaire, et pensez-vous qu'il soit de nature à assurer la protection des 3 millions de personnes qui sont présentes dans la région ? Nous aimerions également vous entendre sur les discussions de Genève, qui devaient permettre d'avancer vers la création d'un comité constitutionnel, première étape d'un processus de reconstruction politique du pays, mais aussi vers l'adoption d'un calendrier, à court et moyen terme, et l'organisation d'élections libres auxquelles les Syriens déplacés ou réfugiés pourraient également prendre part. Autre question, estimez-vous que la destruction d'un avion de reconnaissance russe par les forces syriennes, incident dont la Russie rend Israël responsable, aura des conséquences ?
Nous aimerions aussi vous entendre sur l'avenir politique de l'Irak, où une délégation de notre commission se rendra dans quelques semaines – nous irons à la fois à Bagdad et à Mossoul. Que fait précisément la France pour aider à la reconstruction de ce pays, qui doit faire face non seulement à une question de nature politique mais aussi à d'importantes protestations populaires contre les conditions de vie et, dans certaines zones, à une résurgence de DAECH ?
Par ailleurs, nous serions heureux que vous nous parliez de la situation du Liban, où une délégation se rendra à la fin du mois d'octobre dans le cadre d'une mission conjointe avec le Sénat, ce qui constituera une grande première. Nous nous intéressons en particulier à la situation politique du pays, aux réfugiés et aux questions de défense, notamment sous l'angle de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL).
En ce qui concerne l'Europe, nous avons écouté le discours de Jean-Claude Juncker sur l'état de l'Union, le 12 septembre dernier : que pensez-vous de l'appel qui a été lancé à cette occasion en faveur d'une Europe capable de parler d'une seule voix en matière de politique étrangère et de la proposition de passer au vote à la majorité qualifiée pour certains aspects des relations extérieures, ce qui serait une révolution au plan européen ? Par ailleurs, quel est votre pronostic sur la possibilité de conclure un accord de retrait avec la Grande-Bretagne ? Le sommet européen qui commence aujourd'hui même à Salzbourg, et qui doit notamment porter sur les questions migratoires, pourra-t-il déboucher sur des solutions concrètes et efficaces ? Pouvez-vous également faire le point sur les mesures proposées par l'Union européenne afin d'échapper aux sanctions américaines visant l'Iran ?
Enfin, puisque vous rentrez de Chine, vous pourrez peut-être nous dire quels enseignements vous tirez de cette visite, à un moment où les questions relatives au multilatéralisme, aux équilibres mondiaux et aux tensions commerciales entre les grands blocs se posent plus que jamais.
Nous pourrions vous poser encore bien d'autres questions, monsieur le ministre, mais je vais vous donner la parole sans plus tarder…