Intervention de Pascal Teixeira Da Silva

Réunion du mardi 18 décembre 2018 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Pascal Teixeira Da Silva, ambassadeur chargé des migrations :

Les pays de transit ont évidemment été directement impliqués dans la négociation. S'agissant en particulier du Maroc, futur hôte de la conférence, je puis attester, pour avoir été en relation étroite avec ce pays à toutes les étapes de la négociation, qu'il s'y est beaucoup investi. Il y a tout intérêt : pays de transit, de destination et d'origine, il est confronté à tous les défis.

L'aide de 140 millions d'euros accordée par l'Union européenne au Maroc vise à l'aider à mieux contrôler ses frontières maritimes et terrestres et à lutter contre les réseaux de passeurs ; ce n'est pas le prix à payer pour des éloignements de migrants du Nord vers le Sud. Le Maroc gère souverainement sa réponse à ce défi en organisant depuis plusieurs années des retours volontaires de migrants, en collaboration avec les pays d'origine, singulièrement des pays d'Afrique de l'Ouest. Plusieurs milliers de retours ont eu lieu, en coopération avec l'OIM. Cette dernière s'occupe du volet « réinsertion », le volet « retour », et donc le voyage, étant pris en charge par le Maroc. Compte tenu de l'augmentation récente des flux, cette action s'est évidemment intensifiée et les choses se passent assez bien. De même, quand a eu lieu la grande opération de rapatriement conduite par l'OIM en novembre 2017 depuis la Libye avec le financement de l'Union européenne, à la suite du reportage de CNN, les pays d'origine avaient coopéré – on remarque d'ailleurs qu'ils tendent à mieux coopérer aux retours volontaires Sud-Sud qu'aux retours Nord-Sud.

Je ne connais pas l'état précis des accords formels de réadmission conclus, mais le Maroc procède depuis plusieurs années à des réadmissions, et ce sont des retours volontaires. Il faut le soutenir, et notamment l'aider à procéder à des sauvetages en mer, comme le font ses garde-côtes, tout comme ceux de la Tunisie, qui reçoit également une aide pour exercer ses responsabilités dans sa zone de recherche et de sauvetage.

Il est légitime qu'un État puisse contrôler ses frontières et éviter des flux irréguliers qui représentent une menace réelle pour lui sur le plan social et sur le plan sécuritaire. Le Maroc, comme d'autres pays, doit faire face à ses responsabilités en la matière. Il a beaucoup fait seul, mais l'augmentation des flux impose le renforcement de la coopération. Aussi a-t-il été très actif dans l'élaboration d'un Pacte qu'il appelait de ses voeux, et très actif aussi en coulisses. Je vous l'ai dit, le groupe africain s'est exprimé d'une seule voix, et je sais que le Maroc avait à coeur d'obtenir le résultat le plus substantiel possible. Situé comme il l'est entre les États de destination, au Nord, et les États d'origine, au Sud, il a aussi intérêt à une responsabilité partagée, un partenariat, une coopération avec tous. Le Maroc a d'ailleurs mené une politique assez généreuse, caractérisée par deux vagues de régularisations : celles de 25 000 personnes en 2014 et de 23 000 l'année dernière. Ce pays essaye donc de trouver des solutions humaines à la pression migratoire à laquelle il est confronté, ce qui est assez nouveau. Comme le Maroc, de nombreux États, parce qu'ils sont à la fois pays d'origine, de transit et de destination, sont confrontés à des défis multiples.

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