En dépit de son caractère juridiquement non contraignant pour les États, dont la souveraineté est réaffirmée, le Pacte de Marrakech a fait l'objet ces dernières semaines de fausses informations de la part de partis politiques qui l'ont instrumentalisé, créant une certaine méfiance à son encontre au sein de l'opinion publique. Au prix d'un grand écart édifiant entre le vrai et le faux, certains ont tenté de noyer la réalité dans la fiction. D'une part, deux années de tractations et de concertation ont abouti à l'élaboration d'un cadre de coopération ; d'autre part, une très violente campagne de désinformation via internet a incité des États à se retirer du Pacte. Cet épisode met en lumière la facilité avec laquelle des puissances étrangères peuvent semer le trouble ou la discorde dans la politique, nationale ou étrangère, d'un pays, et aussi le fossé qui peut exister entre l'exercice de la diplomatie et sa perception par le grand public.
Cela m'amène à vous poser une question, à laquelle j'associe ma collègue Anne Genetet : quel regard portez-vous sur l'exercice de la diplomatie à l'ère de la désinformation ? D'autre part, étant donné la montée du populisme et l'arrivée de l'extrême droite à la tête de certains pays en Europe et ailleurs dans le monde, le pacte n'est-il pas déjà en péril ? Le message qu'il est censé véhiculer n'est-il pas dès à présent battu en brèche ?