Votre première question, qui porte sur l'exercice de la diplomatie à l'ère de la désinformation, dépasse de beaucoup mes compétences et l'objet de cette audition. Pour limiter mon propos au Pacte, le fait que le premier objectif soit consacré à la collecte des faits et à leur analyse montre que l'on est largement conscient des lacunes de la connaissance et du défi que représentent toutes les informations fallacieuses. Une négociation demande beaucoup d'objectivité ; c'est donc un défi supplémentaire. Mais la désinformation fait partie des armes de la guerre diplomatique depuis longtemps ; ce sont son intensité et ses vecteurs qui ont changé au cours des dernières années. Je pense que la négociation sur le climat a aussi été affectée par la désinformation, certains utilisant des relais indirects – ce que l'on appelait, à la grande époque de l'Union soviétique, la « stratégie indirecte » – autrement dit des faux-nez : des gens qui colportent une certaine propagande sans que l'on ait besoin d'être soi-même sur le devant de la scène. Tous les secteurs de la diplomatie sont exposés à ce phénomène ; c'est un défi qu'il faut effectivement traiter.
Le Pacte est-il battu en brèche ? Non, puisqu'il existe. On sait que tout texte, même s'il est adopté de manière consensuelle – ainsi de l'Accord de Paris sur le climat – peut connaître des à-coups, des accidents de parcours, des remises en cause partielles ou des retraits tant les sujets traités sont importants et compliqués. Quelles que soient les difficultés rencontrées, soit lors de l'adoption d'un texte soit par la suite, cela n'empêche pas qu'une trame existe sur laquelle s'appuyer pour poursuivre l'action engagée afin de traiter les causes profondes des migrations et de lutter contre les réseaux de trafic de migrants. Des actions sont en cours et certains États seront, je pense, beaucoup plus pragmatiques que ne le laisse penser la posture politique qu'ils ont prise à l'égard de ce texte.