Intervention de Marielle de Sarnez

Réunion du mercredi 13 février 2019 à 17h05
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarielle de Sarnez, présidente :

Comme chaque mois, nous avons le plaisir de recevoir M. Jean-Yves Le Drian, que je remercie d'accepter que son audition soit publique : c'est en effet très important pour l'appropriation par nos concitoyens des grands enjeux de politique étrangère. L'actualité internationale est très chargée et la commission, monsieur le ministre, aura de nombreuses questions et analyses à vous soumettre.

Au Moyen-Orient, tout d'abord, notre principale préoccupation concerne l'avenir de la Syrie. La décision de retrait annoncée par Donald Trump suscite de nombreuses inquiétudes quant au maintien de notre capacité à lutter contre Daech et à la stabilité future de la région. Cette décision semble sous-estimer l'état de la menace terroriste sur le terrain et la nécessité de continuer à combattre et à détruire les cellules dormantes. Nous savons par ailleurs que la France étudie toutes les hypothèses pour éviter la dispersion des djihadistes actuellement détenus dans la région.

L'éventualité d'une nouvelle offensive turque dans le nord-est syrien afin d'éradiquer les forces kurdes ne peut être totalement exclue, même si la communauté internationale, consciente du danger, négocie actuellement des arrangements sécuritaires localisés. Où en sont les négociations relatives à la safe zone prévue à la frontière turque ? Vous nous direz aussi comment la France compte minimiser à court terme les conséquences de la décision américaine de retrait et préserver la coalition contre Daech tout en continuant à soutenir nos partenaires qui nous assistent dans la lutte antiterroriste. J'ai récemment reçu la maire de Raqqa ainsi que la présidente du comité exécutif du conseil démocratique de Syrie : toutes deux ont souligné l'importance de l'action de la France dans la région. S'agissant plus généralement de l'avenir de la Syrie, peut-on espérer un déroulement satisfaisant du processus politique avant les prochaines élections présidentielles prévues à ce stade en 2021 ?

Il y a quelques semaines, monsieur le ministre, nous nous sommes rendus ensemble en Irak où nous avons constaté que l'aide de la France est très attendue pour la reconstruction du pays. En janvier, notre commission a consacré une table ronde exceptionnelle à l'Irak, plus particulièrement au génocide subi par les Yézidis et à la nécessité de contribuer à la « reconstruction » des esprits par le renforcement de notre coopération culturelle, notamment universitaire. À moyen terme, c'est aussi la méthode la plus efficace pour lutter contre toute résurgence de Daech. Pourriez-vous nous préciser les engagements de la France en faveur de la stabilisation de l'Irak ?

Au Liban, nous nous réjouissons du fait que les partis viennent enfin de se mettre d'accord sur la composition d'un nouveau gouvernement. Cet accord ouvre la voie à l'application des accords CEDRE qui conditionnent l'aide internationale à la mise en oeuvre de réformes économiques. Nous souhaitons naturellement tous que ce nouveau gouvernement soit en mesure de respecter les engagements souscrits ; vous reviendrez peut-être sur ce point.

En ce qui concerne l'Iran, l'Europe a mis en place un mécanisme qui devrait permettre de commercer avec ce pays malgré les sanctions américaines. Baptisé INSTEX –Instrument in Support of Trade Exchanges, c'est-à-dire instrument favorisant les échanges commerciaux –, ce mécanisme de troc vous paraît-il efficace et à la hauteur des enjeux ? Est-il susceptible de sauver le plan d'action global commun – Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA) ?

S'agissant du Yémen, où en est l'application de l'accord relatif à Hodeïda conclu à Stockholm ? Les discussions politiques en cours sous l'égide des Nations Unies progressent-elles ? Nous pensons qu'il faut tirer parti de ce moment favorable pour faire pression sur tous les acteurs concernés et les inciter à aller plus avant dans le processus politique.

Les nouvelles d'Afrique sont contrastées. Du 3 au 6 février, les forces armées françaises sont intervenues dans le nord-est du Tchad contre une colonne de rebelles venus de Libye. Le Gouvernement en a informé le Parlement par une lettre datée du 6 février, conformément à l'article 35 de la Constitution. Nous souhaiterions disposer de précisions sur le cadre juridique dans lequel s'est inscrite cette intervention de notre armée de l'air. Cette colonne de pick-ups constituait-elle bien une menace suffisante pour justifier une intervention aérienne ?

Au Sahel, l'attaque du 20 janvier perpétrée au Mali contre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) témoigne des capacités opérationnelles que conservent les groupes terroristes présents dans la région, bien qu'elles soient diminuées grâce à l'action de la force Barkhane et des armées africaines. Quel bilan faites-vous de la situation actuelle ? Comment comptez-vous continuer de peser sur l'ensemble des acteurs ?

En République centrafricaine, un accord de paix a été signé le 6 février dernier entre le Gouvernement et les groupes armés ; vous nous direz ce qu'il faut en attendre.

Je ne saurais conclure sans vous interroger sur la situation au Venezuela, qui devient de plus en plus préoccupante sur le plan politique, économique et social. L'entrée de l'aide humanitaire dans le pays constitue désormais un véritable enjeu de pouvoir. Ne faudrait-il pas s'orienter vers une solution humanitaire onusienne pour apaiser les esprits ? Les autorités américaines répètent à l'envi qu'elles examinent toutes les options pour résoudre la crise vénézuélienne. La France a reconnu Juan Guaidó comme président en exercice chargé de mettre en oeuvre un processus électoral mais la transition semble s'enliser. Comment envisagez-vous l'évolution de la situation, et selon quel calendrier ?

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