Madame la ministre, vous avez expliqué beaucoup de choses sur l'organisation des soins et les carrières médicales. Je me concentrerai sur ce qui me semble être le sujet numéro un, à savoir les parcours professionnels, les recrutements et les carrières des différents acteurs de santé, en particulier dans les hôpitaux publics et les autres structures publiques et parapubliques, de façon à couvrir les besoins : la qualité, la sécurité, la proximité. Pour que cela fonctionne, il faut des hommes et des femmes – de plus en plus de femmes – pour rendre tous ces services.
Je pense que la recertification des compétences est indispensable pour la confiance de la patientèle ainsi que pour la sécurité des praticiens. Il serait temps que les choses se mettent concrètement en place. Quelles sont les mesures envisagées, puisque ce sera, je crois, l'objet d'une ordonnance ? Par quels moyens cette recertification peut-elle être opérante ? Comment pourrait-elle éventuellement être étendue aux professions de santé autres que les médecins, en particulier les infirmiers, qui posent cette question ?
Ma deuxième question porte sur les pratiques avancées pour les infirmiers. Vous avez mentionné les infirmiers psychiatriques. Je vous soumets la proposition d'ajouter les manipulateurs en électroradiologie. Vous avez souligné la carence de radiologues dans le système de santé. Les manipulateurs ont des parcours professionnels qui s'arrêtent à la production d'images. Ils peuvent intervenir pour des tâches de dosimétrie, en particulier en matière de radiothérapie, pour une lecture des systèmes d'intelligence artificielle pour les radiologies conventionnelles, ils peuvent également rendre des services en échographie. Vous semble-t-il possible d'étendre les pratiques avancées à cette profession ? C'est un ancien praticien hospitalier de CHU en radiologie qui vous parle.
Enfin, et c'est sans doute le plus important, s'agissant des carrières médicales, la réforme que vous présentez est très favorablement accueillie. Je suis même un peu surpris de la qualité de cet accueil, mais la réforme voit juste sur de nombreux points. Il faut rendre les carrières hospitalières attractives. Ce n'est pas uniquement une question de revenu mais aussi d'engagement pour le système sanitaire. Cela passe peut-être par une labellisation et un complément de formation dès les premières années de médecine car on n'embrasse pas la carrière hospitalière sans avoir des rudiments sur le fonctionnement de l'hôpital, or ce point est assez absent de la formation des jeunes médecins, qui, après de brillantes études, arrivent à l'hôpital en ne sachant pas comment il fonctionne. Ils prennent éventuellement leurs fonctions parce que le patron leur dit : « Tu viens demain matin », sans avoir signé le procès-verbal d'installation ; c'est arrivé, je peux vous le dire.
Il ne faut pas aborder les choses seulement sous le prisme de l'auxiliaire qui, pendant un an, rembourse un dû car il n'avait pas les moyens de financer ses études autrement, mais en vue d'un engagement bien plus important où les CHU, dans leur recrutement, joueront un rôle capital et auront la possibilité de distribuer ce personnel médical sur l'ensemble de leur territoire. Je rejoins totalement vos propos sur l'hôpital de Pont-Audemer : c'est exactement ce qu'il faut faire, avec les moyens de communication, avec la mobilité de certains personnels qui commenceraient soit en exercice libéral en zone sous-dense soit en hôpital de proximité avant d'exercer en CHU. C'est ainsi une véritable carrière que l'on aurait devant soi. Pour cela, ce n'est pas un an ou deux qui suffiront mais un engagement plus ample en faveur d'un système public.