Se faire fabriquer une boîte de camembert à son effigie, la distribuer à tous les députés de l'Assemblée nationale – on sent la bonne odeur du camembert de Normandie en arrivant à l'Assemblée – et passer sur les ondes : bravo pour ce que vous avez fait !
Plus sérieusement, bien que cette action soit très sérieuse, je retiens de cette initiative la défense du bon, du goût, du camembert et de notre gastronomie. Ce n'est pas le Premier ministre qui me démentira si je dis qu'un bon camembert doit être goûtu, au lait cru et doit sentir un peu fort.
L'AOP n'est pas le cheval de Troie des industriels, et la production du camembert au lait cru n'est pas en danger. Depuis plus de quinze ans, une bataille commerciale oppose la production AOP à la production industrielle, qui utilise la mention « fabriqué en Normandie ». Cette mention l'a largement emporté, vous avez raison, monsieur Nury, dans l'esprit des consommateurs ; les producteurs d'AOP au lait cru n'y peuvent rien, car la mention existait avant la création de l'appellation d'origine. Alors, que faire ?
Après des années de querelles, un compromis a été trouvé au sein de la filière. Il prévoit une montée en gamme de la production aujourd'hui non soumise à l'AOP d'origine – je ne vais pas développer cet aspect que vous avez évoqué, notamment en parlant des animaux de la région. Point très important, il comprendra la création d'une nouvelle AOP encore plus exigeante, qui s'appellera « véritable camembert de Normandie ». Ce camembert devra obligatoirement être au lait cru.
Ce compromis, porté par la filière et tout le territoire, améliorera également la qualité : faisons confiance aux territoires, à l'INAO et à la filière pour protéger notre gastronomie !