Je pense que durant ces discussions autour de cette loi, nous tous – cela nous rassemble ! – avons à un moment ou à un autre regretté ce décalage entre le temps économique et le temps politique, surtout lorsque nous voyons de nos yeux ce que les dispositions d'un texte changeront effectivement sur le terrain.
Dans ces moments-là, nous appelons en effet à une refonte du processus législatif pour que les décisions se prennent mieux et plus vite, que les acteurs puissent se saisir plus tôt des dispositifs et que les effets s'en fassent plus rapidement ressentir. C'est le sens des débats, nombreux, que nous avons eus et que nous aurons de nouveau sur la réforme de la procédure parlementaire.
De tels délais disent quelque chose de notre fabrique de la loi mais peut-être aussi de cette loi PACTE en particulier. De tels délais peuvent en effet être les garants d'un travail de qualité, riche, approfondi, avec l'ensemble des parties prenantes. Ils sont l'assurance d'une prise en compte de tous les sujets, de tous les enjeux et de tous les points de vue. Faire avec tout le monde, ce n'est pas satisfaire chacun mais c'est assurer que les décisions soient prises en bonne intelligence.
Je crois que la démonstration en a été faite sur certains aspects de ce texte, qui ont fait l'objet d'un consensus, et je sais que la démonstration en a aussi été faite sur d'autres points, moins évidents : les opinions divergentes mais constructives ont pour la plupart été intégrées à la réflexion.
Au final, à quoi aboutissons-nous aujourd'hui ?
D'abord à un texte dense, fourni, ce que contrairement à certains je salue car il est à l'image des entreprises. La vie et les défis d'une entreprise ne peuvent pas se résumer en 10 articles, ni même en 73, puisque depuis sa présentation en conseil des ministres, l'Assemblée nationale et le Sénat, la majorité comme l'opposition, ont souhaité multiplier par trois le nombre initial d'articles du projet de loi, qui en compte désormais 222.
Au sein de cette assemblée, nous avons déjà débattu près de 120 heures en première lecture, 55 heures en commission, 64 en séance publique et, déjà, plus de 22 heures pour cette nouvelle lecture en commission la semaine dernière. Je note que ces échanges ont été l'occasion d'adopter plus de 1 000 amendements, dont un tiers n'était pas présenté par le groupe majoritaire. Mieux, l'ensemble des groupes représentés a obtenu qu'au moins un de ses amendements soit adopté au cours des trois examens que nous ayons menés jusqu'à présent : 44 amendements pour Les Républicains, 20 pour les UDI…