… notamment parce que les caricatures ne résistent pas aux réalités du texte.
Non, l'État n'abandonne pas les infrastructures stratégiques : il prévoit leur retour dans le giron de l'État via le mécanisme de l'expropriation encadré par la Constitution. Non, l'État n'abandonne pas sa frontière : ses pouvoirs régaliens demeurent, notamment dans le domaine de la sécurité. Non, l'État ne réitère pas les opérations de concessions autoroutières : l'ensemble du mécanisme de vente et de régulation sont inscrits dans la loi ! Toutes les garanties sont prises pour que les intérêts de l'État, notamment financiers, soient protégés.
Malgré les postures politiciennes au Sénat, où la majorité LR a désavoué le travail très constructif du rapporteur Jean-François Husson, nous avons largement repris ses propositions. Je pense ainsi à la possibilité pour l'État de retirer l'agrément des dirigeants d'ADP ou encore à l'homologation des redevances par une autorité administrative indépendante. Nous avions déjà ajouté au cahier des charges des exigences qui s'imposeront à ADP en matière environnementale ou concernant le devenir des salariés. Nous proposerons de clarifier encore les modalités de cession, comme convenu en commission spéciale.
Enfin, ce projet de loi PACTE participe au renforcement global du dispositif français de sécurité économique pour protéger nos entreprises innovantes et stratégiques d'acteurs étrangers malveillants. Notre assemblée avait également décidé, à l'unanimité, d'intégrer la création d'une délégation parlementaire à la sécurité économique, à la suite des conclusions de la commission d'enquête sur la politique industrielle. Le dispositif permettait un contrôle parlementaire robuste et pluraliste. Force est de constater que la majorité LR du Sénat n'a pas partagé nos convictions, ni celles de nos collègues du groupe LR de l'Assemblée puisqu'elle a rejeté cette disposition, réintroduite en commission spéciale par plusieurs groupes. Je proposerai en séance une solution intermédiaire.
Vous le voyez, mes chers collègues, nous voulons un État investisseur, régulateur, interventionniste, puissant et ponctuel dès lors que les intérêts économiques et technologiques stratégiques sont en jeu : un État stratège du XXIe siècle !