Nous voici de nouveau réunis pour étudier la loi PACTE. Avec qui s'agit-il de nouer un pacte ? La question peut se poser au regard du contenu de ce projet de loi.
Sans partager l'intégralité de l'analyse de nos collègues du groupe Les Républicains, nous nous accordons sur un point fondamental : l'erreur stratégique absolue consistant à dépecer ce qui reste de l'État français, par des privatisations dans les secteurs les plus stratégiques, puisque tout ce qui pouvait être privatisé l'a déjà été. C'est une erreur de privatiser Aéroports de Paris alors qu'il est le numéro un du secteur avec 281 millions de passagers et des résultats en plein essor – plus 7,6 % par rapport à 2017. Si vous privatisez Aéroports de Paris, ce sera la plus grosse privatisation française jamais réalisée, la troisième mondiale. C'est inédit, et c'est la raison pour laquelle l'émotion est telle dans le pays. Je suis sûr que vous avez noté, monsieur le ministre, l'ampleur que prend la pétition qui vous somme de ne pas céder à cette tentation.
Au-delà de ce point particulier, que nous aurons le loisir de discuter longuement dans les trois jours qui viennent, le reste du projet de loi est inconséquent. Vous prétendez qu'il a vocation à adapter l'entreprise aux grands enjeux du XXIe siècle. Nous déplorons, dès lors, que, dans tout ce texte fourre-tout, pas un mot ne se rapporte à la question climatique, un enjeu pourtant essentiel, même en ne la considérant qu'à travers votre prisme, celui de l'activité économique.
Nous continuons de soutenir la thèse selon laquelle la planification écologique nous permettrait de relever un défi qui se présente à l'humanité tout entière, par-delà nos désaccords politiques, et que nous avons toutes les ressources et les compétences techniques pour affronter. Plutôt que d'appeler les entreprises, comme vous le faites, à se livrer chaque matin à une compétition généralisée perdant tout sens à mesure qu'elle avance, nous pourrions appeler le pays à faire chaque matin quelque chose d'intelligent en relevant le défi technique incroyable que nous lance l'urgence climatique. Voilà ce qu'il conviendrait de faire, et pourtant pas un mot là-dessus.
Vous en êtes réduits à de petites considérations étriquées, persuadés que la suppression des seuils sociaux suffira à relancer la croissance, comme si une entreprise qui n'aurait plus à offrir un local où déjeuner à ses salariés pouvait démultiplier son activité du jour au lendemain du fait de cette contrainte en moins. C'est une vision assez courte et mesquine de l'économie à l'heure où les mobilisations, notamment pour l'enjeu climatique, nous invitent à tout autre chose.
C'est pourquoi le groupe La France insoumise votera cette motion de rejet déposée par le groupe Les Républicains.