Ce n'est pas la loi considérable que vous prétendez et vous n'êtes certainement pas en train de dessiner ce que serait l'entreprise du XXIe siècle. Pour reprendre la formule de mai 1968, vos intentions sont surtout verbales. Vous semblez réécrire le code civil mais, en vérité, vous faites semblant. Vous semblez faire de la codétermination mais, en vérité, c'est si faible que vous faites semblant. Vous semblez assurer la transparence des rémunérations mais, en vérité, vous faites semblant. Vous semblez limiter les rémunérations excessives mais, en réalité, vous faites semblant. Voilà bien des motifs qui nous conduisent à dire qu'il faut continuer de travailler afin de vous convaincre d'accomplir les efforts supplémentaires nécessaires pour faire de votre texte une loi de transformation.
Toutefois, s'il est un motif de renvoi qui domine tous les autres, c'est celui de la privatisation d'Aéroports de Paris, de La Française des jeux et d'Engie. À mesure que nous écoutons les prises de parole de l'exécutif, notamment du Premier ministre un peu plus tôt, nous peinons à comprendre le sens de cette privatisation. Vous cherchez d'ailleurs vous-mêmes à vous en convaincre : selon les expressions, vous donnez le sentiment, soit de privatiser un actif stratégique – ce sont les termes employés par le Premier ministre – , soit de vous contenter de privatiser un centre commercial. Or nous savons tous qu'Aéroports de Paris est bien autre chose qu'un centre commercial !
Nous aurons l'occasion, demain matin, de revenir en détail sur les motifs qui nous conduisent à soutenir cette motion de renvoi en commission. Vous êtes en train d'accomplir une privatisation irréparable, irrémédiable ; c'est une ineptie sur le plan économique et financier ainsi qu'une énorme bêtise sur le plan stratégique ! C'est dommage parce que, dans soixante-dix ans, peu d'entre nous pourront rendre des comptes, à part peut-être les plus jeunes, les plus endurants ou ceux qui auront mené la vie la plus saine. Je ne vous cache pas que j'espère en être !