Quand on arrive à cet instant de l'histoire où l'on dit que le changement climatique est commencé, que la catastrophe écologique s'avance devant nous, sous la forme d'une destruction de notre écosystème, du système général dans lequel nous vivons, nous avons la raison et le bon sens de notre côté, tandis que ceux qui prétendent que les intérêts particuliers réussiront à trouver l'harmonie permettant d'atteindre à la fois les objectifs de l'intérêt général et les objectifs particuliers sont dans une situation d'hallucination.
Car cela n'est pas vrai. L'ère moderne est celle du collectif. Et, reprenant à mon compte la thèse de Pablo Servigne, j'ajoute que si nous entrons dans la période de la catastrophe avec la mentalité de la période de la compétition, nous aggraverons la catastrophe plutôt que d'y faire face. Voilà mon avis sur ce qui se joue et sur ce que nous voulons qu'il se joue.
Un bilan plus concret pourrait être fait, si ce que je viens de dire vous paraît trop éthéré. On a beaucoup privatisé, puisqu'on avait beaucoup nationalisé. On a pensé que revenir à l'état de nature était une bonne chose.
Faisons le bilan de cet état de nature économique. Lorsque M. Chirac était Premier ministre, M. Balladur étant ministre de l'économie, il butait sur une difficulté : comme on faisait valoir que la part de l'économie nationalisée poursuivait des objectifs qui se discutaient ici, on réfléchissait à la façon de garantir la souveraineté et l'indépendance de la France. On inventa alors la fameuse thèse des noyaux durs, qui supposait qu'une série de capitalistes ayant des intérêts vissés au corps et un amour de la patrie qu'on ne leur a jamais connu, sauf pour quelques-uns d'entre eux, dont certains siégeaient sur ces bancs…