Admettez mon chiffre de six secondes, qui est destiné à les effrayer. Nous sommes entrés dans une ère où la spéculation, qui réduit toute une entreprise à sa seule valeur d'échange, atteint des sommets. C'est ce sujet qui occupe le sommet de la hiérarchie des priorités dans les entreprises. Nous n'adhérerons jamais à cette vision et nous ferons tout, chaque fois que nous en aurons la possibilité, pour qu'il en aille autrement.
Vous auriez également pu inscrire dans le projet de loi le droit de préemption des salariés. Lorsqu'une entreprise est vendue, pourquoi ne pas demander d'abord aux salariés s'ils veulent en être les gestionnaires ? Pourquoi ne pas les avertir d'une telle possibilité ? Un temps, les socialistes avaient envisagé une telle solution, puis ils y ont renoncé. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est une bonne idée.
Souvent, les salariés sont les meilleurs connaisseurs de leur entreprise. Parfois, les bras vous en tombent lorsque le droit de reprendre l'entreprise leur est refusé. Dans le cas d'Ecopla, la seule entreprise française produisant des emballages alimentaires en aluminium, alors que le carnet de commandes était plein, les clients disposés à rester et les travailleurs prêts à devenir les propriétaires, le tribunal de commerce a préféré vendre les machines à des Italiens ; ensuite, faute de machines, l'entreprise n'a pu être vendue et elle a coulé.
Les salariés – cadres, organisateurs, ingénieurs, architectes – sont souvent bien placés. Pourquoi ne pas leur donner cette possibilité ?
Pour nous, la meilleure forme de l'entreprise est la coopérative, dans laquelle tous ceux qui contribuent à la production participent également à la conception ainsi qu'à la distribution des bénéfices. En cela, nous divergeons et rien de ce que vous proposez ne permet de rapprocher nos visions de l'entreprise.
De la même manière, nous croyons que la formation des salariés est la clé de la production, notamment de la production de valeurs d'usage innovantes. Il faut donc un système de formation professionnelle sérieux, qui maille tout le territoire. Il ne faut pas abandonner la formation des cadres intermédiaires de la production et du pays à l'à-peu-près ou au mythe de la généralisation de l'apprentissage.
Aucune production moderne ne peut fonctionner sans ces cadres intermédiaires. Il faut produire de nombreux ingénieurs et architectes chaque année, mais cela ne suffit pas : sans les contremaîtres et les cadres intermédiaires, il n'y a pas de production moderne.
À notre avis, c'est tout cela qu'il faudrait trouver dans une loi relative à l'entreprise, notamment l'option préférentielle pour la coopérative et la coopération des salariés.
Je vais donc…