Intervention de Vincent Descoeur

Séance en hémicycle du jeudi 14 mars 2019 à 9h30
Croissance et transformation des entreprises — Article 44 (appelé par priorité)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVincent Descoeur :

Au-delà des questions de souveraineté et du caractère éminemment stratégique des plateformes parisiennes, qui me conduisent à penser que le projet n'est ni judicieux, ni urgent, j'ai profité des travaux en commission, monsieur le ministre, pour vous alerter sur les conséquences d'une telle privatisation sur l'avenir de la desserte par les lignes aériennes intérieures, les lignes régionales, notamment celles qui, comme la ligne Aurillac-Paris – que vous connaissez bien – , bénéficient d'une obligation de service public. Il m'avait été répondu que la DGAC – direction générale de l'aviation civile – veillerait à ce que tout se déroule au mieux ; mais cette réponse ne suffit pas à me rassurer : alors que la DGAC y veille et que l'État est actionnaire d'ADP, les lignes régionales sont d'ores et déjà, à travers des créneaux décalés – voire annulés – ou les conditions d'accès à l'aérogare après l'atterrissage, des variables d'ajustement pour les gestionnaires de plateforme.

Je crains donc que les lignes intérieures ne soient, demain, détournées vers d'autres plateformes, si c'est là le souhait des futurs actionnaires. Cela, vous en conviendrez, ne serait pas sans conséquences, et en tout cas malvenu à la veille de l'examen du projet de loi d'orientation sur les mobilités et à l'heure où la mobilité est sur toutes les lèvres au sein du Gouvernement.

Plusieurs fois au cours de ce débat, monsieur le ministre, vous avez rappelé que, plus que le stationnement des avions, ce sont les activités immobilières et commerciales qui constituent la principale source de revenus et d'intérêt pour ADP. À vos yeux, cet argument est censé justifier la décision de s'en séparer ; mais, loin de me rassurer, il avive mes craintes : si le développement des plateformes parisiennes passe par celui de leurs activités commerciales, il est fort à craindre que les futurs actionnaires privés privilégient l'accueil des passagers qui descendent d'un Airbus ou d'un Boeing, au détriment de ceux qui descendent d'un ATR 42.

Enfin, l'actuel PDG d'ADP, que j'ai interrogé sur le sujet en commission du développement durable, n'a pu apaiser mes craintes, évoquant à demi-mots un risque à long terme. Je ne vous fais aucun procès d'intention, monsieur le ministre, mais il est de ma responsabilité de vous demander des assurances quant à la continuité du service public aérien, dont dépend la desserte de territoires comme le Cantal, dont je suis élu.

L'amendement que j'ai déposé sur cette question ayant été, pour des raisons qui m'échappent, déclaré irrecevable, je profite de notre discussion pour réitérer mes craintes, dans l'espoir d'obtenir des assurances de votre part.

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