Les traitements infligés à notre pays, loin de nous guérir, sont au contraire mortifères, et ils ne répondent qu'à ces seuls objectifs : privatiser les services publics pour offrir au secteur privé des marchés nouveaux, accentuer la concurrence pour réduire le coût du travail et, enfin, libérer le capital de toute entrave pour qu'il puisse rapporter beaucoup à ses propriétaires. Voilà d'où vient votre budget !
On ne peut lui dénier une certaine logique. Bruxelles trace la feuille de route et vous la mettez en oeuvre, en bon élève de l'austérité et du libéralisme. Mais pour viser le tableau d'honneur, monsieur le ministre, il vous fallait aller plus loin, dépasser le cadre requis pour offrir des gages supplémentaires. Votre budget affiche donc clairement la couleur et, si c'était un magasin, son enseigne brillerait de mille feux : « Au bonheur des riches ! » C'est tellement évident que toute la presse en parle, y compris La Voix du Nord, un quotidien régional que vous connaissez bien et qui a titré : « Revenus du patrimoine : les grosses fortunes gagnantes de la réforme fiscale ». Et je ne vous cite pas Le Figaro, Les Échos, L'Express… Tout le monde a fait le même constat, y compris L'Humanité.
La liste des cadeaux est tout à fait éclairante. La suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune permettra au 1 % de Français les plus riches – les fameux « premiers de cordée » – d'économiser 3,2 milliards d'euros. Concrètement, vous allez baisser l'impôt des familles les plus riches de France, comme celle de M. Bernard Arnault, dont la fortune est estimée à 46,1 milliards. Ou, dans le Nord, celle de M. Gérard Mulliez.