Votre logique est de libérer le capital au profit exclusif des actionnaires. L'allégement de la taxe sur les transactions financières et la suppression de la taxe sur les dividendes des multinationales n'auront qu'une seule conséquence : priver notre pays de 12 milliards d'euros et favoriser l'économie spéculative au lieu de soutenir l'économie réelle. Pourtant, la France est déjà championne d'Europe pour les dividendes versés aux entreprises, avec 54 milliards en 2016. Pourquoi ces entreprises, au lieu d'enrichir les actionnaires, n'ont-elles pas investi ?
Et vous voulez encore accentuer cette tendance… Pourtant, nous la connaissons bien : elle nous a conduits, depuis trente ans, à de graves crises. Certaines nous ont même mis au bord du chaos, comme en 2008. Or, non seulement vous n'en tirez pas les leçons, mais vous appuyez sur l'accélérateur. Tous les signaux de la planète financière sont au rouge. La prochaine crise financière pourrait être celle de la dette des étudiants américains, qui s'élève à 1 300 milliards de dollars, alors que 7 millions d'entre eux sont insolvables. Ce n'est qu'un exemple de bulle financière prête à exploser. C'est à cela qu'il faut s'attaquer, à cette économie complètement financiarisée, entièrement spéculative.
Nous l'avons rappelé en commission des finances, 98 % des opérations boursières n'ont aucun lien avec l'économie réelle, et seulement 2 % d'entre elles servent à financer les entreprises. Au lendemain de la crise de 2008, tout le monde a dénoncé le trading à haute fréquence, les algorithmes qui s'emballent, la spéculation sur les produits dérivés et sur la dette des États, le shadow banking et même les paradis fiscaux, affirmant qu'il fallait arrêter cette folie. Mais rien n'a changé, ou si peu.
L'économie devient incontrôlable et nous vivons dans un monde où en un clignement d'oeil se réalisent 7 000 opérations boursières, impossibles à vérifier, impossibles à contrôler.