Intervention de Gaël Le Bohec

Réunion du mardi 5 mars 2019 à 16h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGaël Le Bohec, rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

L'un des objectifs du projet de loi est de permettre un égal accès à notre médecine de qualité. Les articles 1er et 2, entre autres, visent à aller le plus vite possible et à modifier les formations universitaires en ce sens.

Le retour sur l'ensemble du projet de loi est très positif. L'article 1er supprime le fameux carcan du numerus clausus : le nombre d'étudiants en médecine, maïeutique, pharmacie et odontologie sera déterminé au plus près des réalités territoriales. Les auditions ont montré la nécessité d'une concertation étroite entre les universités et les ARS, afin de définir la meilleure adéquation entre les offres de formation et les besoins du terrain. L'article 1er vise également à élargir les profils de ceux qui auront accès aux études de médecine, afin de remédier à l'uniformité des parcours qui leur ferme parfois des perspectives d'avenir et limite les possibilités de réorientation vers d'autres métiers. Ces deux articles favorisent la progressivité de la spécialisation, en ouvrant peu à peu de nouveaux horizons aux étudiants, au lieu du couperet qui tombe actuellement en fin de première année. Ils visent aussi à établir des formations communes entre les différents étudiants, afin de favoriser l'interdisciplinarité le plus tôt possible et de créer un dialogue entre les futurs professionnels de santé.

Ces deux articles, qui engagent une réelle transformation, font l'objet d'un large consensus : ils permettront de mettre fin au système actuel qui conduit trop d'étudiants dans l'impasse. Lors des auditions, j'ai été choqué de constater à quel point ces formations étaient difficiles et pouvaient causer un réel mal-être. J'y ai entendu des mots très forts – « boucherie », « sélection par l'échec » –, y compris de la part des doyens, eux aussi très conscients des difficultés psychosociales de certains étudiants. Il était temps d'y remédier. Nombre d'étudiants perdaient, en plus de leur énergie, toute confiance en l'avenir, à une période charnière de leur construction individuelle. L'enjeu est de former davantage de professionnels et d'offrir à nos concitoyens un accès optimal, pour une médecine d'excellence.

Quelques points demeurent toutefois en suspens. Quels seront les moyens pour accompagner les étudiants qui ne seront pas sélectionnés en fin de première année et qui seront réorientés vers d'autres licences, avec une mineure en santé dans l'objectif de repasser l'examen – soit plusieurs dizaines de milliers de personnes à l'échelle du pays ? Cette transformation dépasse le seul cadre d'une réforme des études supérieures : elle doit passer par la transformation de l'accès à ces études, en particulier au lycée. Or le projet de loi ne propose pas d'action spécifique à ce niveau. Un véritable effort doit être réalisé pour renforcer les actions d'information à destination des lycéens, afin de répondre à notre ambition de diversification des profils. Il faut démocratiser l'enseignement supérieur, en aidant les lycéens venant des REP, des REP + ou des zones rurales, qui ont tendance à s'imposer des barrières. Serait-il possible, mesdames les ministres, d'améliorer le texte en ce sens ?

Enfin, l'accès aux études de médecine se heurte encore, les auditions l'ont montré, à deux écueils face auxquels je n'ai pas trouvé de solution dans le projet de loi : le faible taux de boursiers et la présence bien trop marginale – et je pèse mes mots – des étudiants en situation de handicap. Mesdames les ministres, auriez-vous des réponses concrètes à apporter sur ces deux sujets ?

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