Madame la ministre, je vous ai déjà interpellée à plusieurs reprises sur le sujet des inégalités sanitaires qui se creusent dans nos territoires. Cela instaure une véritable fracture entre nos concitoyens. C'est un paradoxe : le système de santé français, considéré comme l'un des plus performants par l'OMS, est aussi celui où, parmi les pays d'Europe de l'Ouest, les inégalités sociales et territoriales de santé sont les plus marquées.
À titre d'exemple, en 2018, l'espérance de vie des habitants de la Nièvre ou du Pas-de-Calais est de cinq ans inférieure à celle de ceux de Paris ou de l'Île-de-France. Ces différences sont évidemment à rapprocher des inégalités sociales : les 5 % des Français les plus aisés vivraient en moyenne treize ans de plus que les 5 % les moins riches du pays.
Ces inégalités s'expliquent en partie par des facteurs sociaux ; elles sont donc en partie évitables. Perçues comme particulièrement injustes, elles doivent constituer un objectif prioritaire de santé publique, comme le précise l'alinéa 11 du préambule de la Constitution de 1946. Croyez-vous que votre projet de loi parvienne enfin à réduire ces inégalités, alors même que les dispositions du texte ne traduisent pas de réelle mobilisation sur cet objectif ?