C'est une belle brochure de 11 pages qui compile quelques mesures en faveur du pouvoir d'achat, dont certaines existaient déjà, pour que ceux « qui ne sont rien » et ne comprennent pas tout ne se sentent pas trop perdus dans les 212 pages de ce projet de loi de finances. C'est une belle oeuvre de propagande, dans laquelle tout le monde semble gagnant.
Au Gouvernement, on n'a pas toujours le temps de réfléchir, on veut aller vite, car le temps, c'est de l'argent. On n'a pas le temps de tergiverser, car on n'est pas des « fainéants ».
Édouard Philippe a reconnu, en septembre, que nombre de contrats aidés « répondent véritablement à des besoins prioritaires » et que pour faire face à l'urgence, il faudra les conserver. D'un certain point de vue, c'est rassurant, car il accepte de revoir sa copie – même si c'est insuffisant. D'un autre point de vue, c'est stupéfiant car c'était une évidence.
Autre tour de passe-passe : la suppression progressive de la taxe d'habitation, source de financement des collectivités locales. Bien sûr, il faudrait revoir ses modalités de calcul pour la rendre plus juste. Mais cette suppression, que le Gouvernement voudrait faire passer pour une mesure de restitution de pouvoir d'achat, est en réalité un cadeau empoisonné, car le manque à gagner de 13 milliards d'euros pour les collectivités rendra plus difficile le financement des écoles, des crèches, des équipements sportifs ou des transports en commun.
La même logique s'abat sur les régions : le fonds de soutien au développement économique, doté de 450 millions d'euros, est en passe d'être supprimé.
Tout le monde a remarqué que la politique du Gouvernement favorise encore les plus fortunés. Ainsi la transformation de l'ISF en impôt sur la fortune immobilière permettra-t-elle aux 1 % des Français les plus riches d'économiser 3,6 milliards d'euros ! Aux oubliettes, la lutte contre l'évasion et la fraude fiscales, la taxe sur les transactions financières intrajournalières, la taxe sur les dividendes. Le choix est clair : l'économie financière, qui appauvrit les gens et dévaste la planète, a de beaux jours devant elle. Exit l'économie réelle !
Certains disent, aujourd'hui : « Profitons ! ». Que diront-ils demain : « Sauve qui peut ! » ?
Pour conclure, je voudrais citer Denis Duclos : « Une métamorphose du libéralisme en autoritarisme s'annonce. Un dispositif de contrainte et de hiérarchisation s'esquisse, analogue à celui des anciens empires. »