… comme il en va pour toutes les études supérieures, qu'il s'agisse d'études en santé ou d'études en droit. Nous pensons néanmoins que nos universités sont capables d'augmenter leurs capacités de formation, du moins dans certaines régions. Car dans des régions aujourd'hui sous-dotées en médecins, nous aurons probablement besoin de favoriser certaines filières de formation afin qu'elles puissent prendre en charge davantage d'étudiants.
Je rappelle également que l'entrée dans les études de médecine pourra se faire à partir de licences effectuées dans des universités qui n'ont pas d'unité de formation et de recherche de médecine, qui ne sont pas adossées à un CHU. Nous allons aussi accroître la possibilité que les étudiants viennent de territoires diversifiés, ce qui est notamment intéressant pour les départements d'outre-mer, dont il a été question tout à l'heure.
Vous avez aussi posé la question du coût de ces mesures. Il faut rappeler que l'échec en PACES a un coût : sur près de 50 000 étudiants qui s'inscrivent tous les ans en médecine, 75 % échouent, majoritairement après deux années. Imaginez le nombre d'années de formation et de professeurs d'universités que représentent ces enseignements ! En supprimant la PACES, il sera possible de redistribuer, pratiquement à coût constant, ces moyens financiers et humains sur d'autres filières ainsi que sur les années supérieures.
J'ajoute que la loi relative à l'orientation et à la réussite des étudiants, la loi ORE, prévoit qu'1 milliard d'euros soient consacrés à accompagner l'augmentation du nombre d'étudiants dans toutes les universités. Les étudiants en médecine sont eux aussi concernés par la loi ORE, qui a d'ores et déjà augmenté les moyens des universités.
Nous estimons donc que ce changement pratique d'entrée dans les études de médecine n'entraînera pas de surcoût.
M. Leclerc m'a interrogée sur l'ARS et le zonage – qui n'a guère de rapport avec le numerus clausus. Quoi qu'il en soit, le zonage prend aujourd'hui bien en compte le nombre de médecins installés. Je n'ai pas bien saisi le sens de votre remarque, mais sans doute aurons-nous l'occasion d'y revenir lorsque nous examinerons d'autres articles du texte.
Monsieur Garot, vous dites que nous laissons croire à l'ouverture des vannes. Ma réponse sera la même qu'à M. Grelier : il faut que nous restions raisonnables dans notre façon de présenter cette mesure. Sa principale raison d'être est de faire cesser le gâchis humain que représentent les 75 % d'étudiants – généralement de très bons étudiants – qui se retrouvent en situation d'échec au bout de deux ans.
C'est un coût pour les familles et un coût psychique pour ces jeunes, qui ne se remettent pas toujours d'être passés du statut de très bons étudiants à celui d'étudiants en échec.
D'autre part, nous savons bien que l'ouverture du numerus clausus et l'augmentation du nombre d'étudiants en formation n'aboutiront pas à une augmentation du nombre de médecins formés avant une dizaine d'années.
Nous devons par conséquent être tout à fait honnêtes vis-à-vis de nos concitoyens : contrairement à toutes les autres mesures du projet de loi, cette mesure ne répond pas à l'urgence de la désertification médicale. Elle y répond à moyen ou à long terme, mais certainement pas pour les dix ans qui viennent.
Enfin, le troisième objectif de cette mesure est la diversification des profils.
Nous pouvons tous admettre que la sélection des futurs médecins sur la seule capacité à apprendre par coeur et à répondre à des questionnaires à choix multiples n'est probablement pas optimale.
Essayer d'avoir de futurs médecins dont les profils seront plus littéraires ou philosophiques, ou au contraire très scientifiques, permettra de bénéficier de compétences plus variées.
Ce mode d'entrée dans les études de médecine permettra de proposer à des étudiants qui auront suivi une mineure santé de rejoindre les études de médecine en ayant acquis des capacités et des compétences sans doute un peu différentes de celles que possèdent aujourd'hui les étudiants en médecine.
Nous devons cependant être honnêtes : cette mesure ne va pas pourvoir dès demain à tous les besoins en médecins de nos territoires.
C'est en revanche une mesure de bon sens que nos concitoyens attendaient, même si beaucoup d'entre eux espèrent qu'elle améliorera leur situation dès demain.
Nous devons être parfaitement honnêtes dans le discours : c'est en l'espèce essentiellement la diversification des profils que nous souhaitons.
Monsieur Furst, vous avez dit que la démographie actuelle était liée à des erreurs commises par le passé…