Intervention de Agnès Buzyn

Séance en hémicycle du mardi 19 mars 2019 à 21h30
Organisation et transformation du système de santé — Après l'article 2

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Ces amendements sont coercitifs au lieu d'être incitatifs. Je rappelle que, s'agissant de la diversification des lieux de stage, notamment dans les zones sous-denses, le Gouvernement propose d'augmenter considérablement le nombre de maîtres de stage qui peuvent former les internes – je rappelle tout de même que ce texte, ces articles concernent la formation des jeunes et pas seulement l'occupation des zones sous-denses. Nous avons donc besoin de maîtres de stage.

Je rappelle que leur nombre a augmenté de 60 % dans les cinq dernières années et que les doyens se mobilisent pour trouver des maîtres de stage dans les zones sous-denses de façon à pouvoir y envoyer des étudiants.

Nous avons créé des incitations pour les étudiants : ils reçoivent 200 euros supplémentaires de prime par rapport à leurs revenus habituels pour être incités à se rendre dans des zones sous-denses. Les collectivités territoriales s'engagent également à leur trouver des logements, à les aider pour les transports, de façon à favoriser leur implantation. Je reconnais que nombre de maires accomplissent un travail exemplaire et parviennent à trouver des logements pour des internes auprès de maisons de santé pluri-professionnelles, ce qui est absolument indispensable, car l'université ne peut pas tout faire, toute seule, au sein des territoires.

Je rappelle que, pour inciter les médecins à être maîtres de stage, nous avons augmenté la prime afférente, qui est passée de 600 à 900 euros par mois. Un médecin généraliste qui, aujourd'hui, s'engage pour obtenir l'agrément de maître de stage à l'université reçoit 900 euros mensuels de l'ARS pour son travail d'encadrement.

Le Gouvernement ne lésine donc pas sur les mesures favorisant l'implantation des jeunes. De surcroît, nous facilitons les dispositions permettant d'envoyer les internes d'un CHU d'une région à un hôpital de proximité d'une autre région lorsqu'il existe des zones de stages limitrophes. Nous favorisons ainsi la mobilité.

Tout cela est mis en oeuvre, tout cela s'accélère. Les doyens sont très mobilisés, ne serait-ce que parce que le nombre d'internes a considérablement augmenté. Ces dernières années, nous avons augmenté le numerus clausus, et nous sommes passés de 5 000 médecins formés chaque année à plus de 9 000. Il faut donc trouver des lieux de formation pour ces jeunes. Nous avons besoin de diversification : zones sous-denses, exercice libéral, exercice en médecine scolaire, en médecine du travail. Tout cela a été abordé lors des précédentes discussions.

Outre leur caractère coercitif, qui ne les met pas en adéquation avec la philosophie de notre réforme, nombre de vos amendements sont tout bonnement inapplicables. Je pense à l'amendement de M. Vigier visant à instaurer vingt-quatre mois de stage à partir de la troisième année, ce qui conduirait à créer une quatrième année d'internat pour les internes de médecine générale. Si tel était le cas, serait également modifié le nombre d'années de formation des médecins spécialistes : cinq ans pour les spécialités à quatre ans et six ans pour celles à cinq ans. Nous ne souhaitons donc pas passer à un internat de quatre ans, pas plus que ne le souhaitent les internes de médecine générale.

Les autres amendements concernent tous les internes. Nombre de spécialités ne sont pas libérales, par exemple, la mienne. Il était hautement improbable que j'apprenne ma spécialité en médecine libérale, en territoire sous-dense.

L'objectif, tout de même, est qu'un chirurgien ait été formé à son métier et pas seulement qu'il ait occupé un poste en zone sous-dense. Trouvons donc la ligne de crête entre ce qui est favorable aux territoires et ce qui l'est aux médecins généralistes qui font découvrir de nouvelles pratiques, sans mettre à mal ce que nous considérons tout de même comme essentiel : l'université, en troisième cycle, doit à des médecins qui ont déjà passé dix ans en formation une bonne formation à leur future spécialité.

C'est pourquoi je suis défavorable à ces amendements.

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