Vous évoquez deux points.
Premier point : vous affirmez que ces hôpitaux seront de simples gares de triage. Ce n'est absolument pas l'objet. De très nombreuses hospitalisations en médecine ne nécessitent pas de soins de recours. Pour des antibiotiques ou autres médicaments, des patients bénéficieront d'une hospitalisation sur place, sans jamais avoir besoin de recourir à une spécialité. Tous les hôpitaux généraux comportent des services de médecine polyvalente. Ces services, qui seront assurés dans les hôpitaux de proximité, correspondent à de très nombreuses hospitalisations conventionnelles, qui sont aujourd'hui assurées dans la plupart des hôpitaux.
Cela permettra de décharger de nombreux hôpitaux de recours, qui assurent aujourd'hui ces hospitalisations conventionnelles de médecine polyvalente et qui pourront désormais se faire en proximité. C'est donc un service que nous rendrons aux patients.
En cas de soins de recours, ces hôpitaux de proximité seront non seulement une porte d'entrée vers les soins de recours, mais également une porte de retour à domicile, plus rapprochée, pour les fins de traitement. Ces hôpitaux pourront bénéficier de lits de soins de suite et de réadaptation – SSR – , pour éviter que les familles n'aient à faire, pendant quinze jours ou trois semaines, des allers-retours dans un hôpital de recours pour rendre visite à un patient hospitalisé.
De mon point de vue, donc, non seulement ces hôpitaux faciliteront, en proximité, l'entrée dans le système hospitalier et sa sortie, mais ils continueront aussi d'assurer une hospitalisation conventionnelle, qui répond à un très grand nombre d'hospitalisations aujourd'hui assurées par les hôpitaux généraux. Il ne faut donc pas les voir uniquement comme des gares de triage.
Deuxième point : vous évoquez l'exemple du Havre. Je ne peux pas juger des propos qui ont été tenus. Pour ma part, je souhaite réellement que, parmi les missions, apparaisse l'accès sur place à des consultations spécialisées. C'est la garantie que nous devons à nos concitoyens pour qu'ils n'aient pas à se déplacer pour une consultation standard de cardiologie ou d'ophtalmologie. Je souhaite que ces hôpitaux, par voie de contractualisation avec les autres hôpitaux du GHT – groupement hospitalier de territoire – et grâce à une bonne gestion des ressources humaines, soient amenés à proposer ces consultations de spécialités sur place.
C'est la raison pour laquelle j'ai inscrit l'accès à de telles consultations dans les missions socles, afin qu'elles ne soient pas assurées selon le bon vouloir de chacun mais constituent réellement une obligation : si l'on peut mutualiser les moyens, on peut également, dans le cadre d'un GHT, donner du temps médical à distance.
Pont-Audemer n'est pas le seul exemple à pouvoir être cité. Dans une spécialité que je connais bien, la cancérologie, le CHU de Besançon, avec tous les hôpitaux locaux de la région, avait décidé que les cancérologues soient tous recrutés comme praticiens hospitaliers par le CHU, dans le cadre d'une contractualisation entre celui-ci et les hôpitaux locaux. Ces praticiens hospitaliers du CHU étaient dans l'obligation de donner un ou deux jours par semaine dans les hôpitaux locaux, ce qui a permis d'assurer la chimiothérapie dans tous les hôpitaux locaux de la région avec la même qualité que dans le CHU. Celui-ci suit tous les dossiers de malades en cancérologie sur le plan médical et scientifique, bien que les patients soient traités en proximité, grâce aux consultations avancées autorisées par le déplacement des cancérologues.
Pour moi, le modèle de demain consiste dans une mutualisation des ressources humaines et un engagement des professionnels à aller sur place, auprès des malades. C'est tout le contraire de l'exemple que vous donnez. C'est vers cela que je souhaite engager tous ces hôpitaux.