Je veux revenir sur l'ambiguïté fondamentale qui affecte le statut juridique des GHT. Vous n'y êtes pour rien, madame la ministre : elle résulte de la loi HPST, laquelle n'a pas poussé jusqu'au bout la logique de coopération et de mutualisation qui prévalait à l'époque. Cela a produit un canard boiteux qui essaie maintenant d'avancer comme il le peut.
Je l'ai dit, si la fonction achats a été mutualisée, elle continue de relever de la compétence et de l'hôpital support et des hôpitaux parties, ce qui ne manquera pas de créer une véritable ambiguïté juridique tant pour les directeurs d'établissements support que pour ceux des établissements parties – vous le verrez dans mon futur rapport sur les achats hospitaliers rédigé pour la MECSS, la mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale.
La difficulté est la même en matière de mutualisation des personnels. Je confirme respectueusement à Mme la directrice générale de l'offre de soins que, selon une jurisprudence constante du Conseil d'État, un avis qui n'est qualifié ni de conforme ni de simple mais qui est rendu obligatoire par la procédure vaut acte unilatéral de la part de l'administration et a donc valeur de décision administrative.
En dernier lieu, vous créez une commission médicale d'établissement dans une structure qui n'est pas un établissement. Quelle sera donc l'articulation de la commission médicale de groupement avec les CME des hôpitaux parties ? Jouira-t-elle d'une autorité hiérarchique ? On a bien vu qu'elle sera consultée, notamment sur le recrutement des personnels médicaux par le groupement, mais comment cette commission d'un prétendu établissement pourra-t-elle donner des avis qui s'imposeront – encore que le texte ne le précise pas – alors même que le groupement n'aura pas la personnalité juridique ?
Nous aurions eu intérêt, à un moment, à remettre à plat la situation des GHT. Nous nous trouvons dans l'ambiguïté depuis le début – vous n'y êtes absolument pour rien, madame la ministre, mais j'ai peur que nous nous y maintenions alors qu'il faudra bien en sortir un jour.
Nous avons échappé de peu, dans mon département, à un contentieux qui aurait pu remettre en cause le fonctionnement et l'organisation des GHT. Il y aura sans doute d'autres contentieux, ce qui placera les établissements et leurs directeurs dans des situations juridiques et administratives extrêmement complexes.