Le télésoin abordé dans cet article est une bonne chose, j'en conviens volontiers, mais tâchons de définir nos priorités. Faisons déjà en sorte que la télémédecine fonctionne vraiment et remplisse l'un de ses tout premiers rôles : pallier le manque de médecins.
Or, l'obligation du présentiel empêche de combler cette lacune, ce qui est particulièrement vrai pour la psychiatrie. Le territoire est inégalement couvert et les délais de consultation peuvent dépasser les neuf mois dans certains départements. Faut-il vraiment demander aux patients d'attendre autant pour obtenir un rendez-vous en présence d'un psychiatre avant d'accéder à la téléconsultation ?
Cela revient à dire que la téléconsultation est d'abord accessible à ceux qui ne manquent pas de professionnels de santé près de chez eux. D'ailleurs, cette contrainte n'a pas de fondement médical. Selon la Haute Autorité de santé elle-même, la primoconsultation n'est pas un motif d'exclusion a priori. Il s'agit simplement d'une rigidité administrative sans fondement médical. C'est pourquoi j'avais déposé deux amendements, l'un pour supprimer cette obligation et l'autre pour reporter le délai afin de permettre aux patients et aux médecins psychiatres d'organiser un rendez-vous. Cet amendement a été invalidé en vertu de l'article 98 du règlement de notre assemblée, dont vous me permettrez de regretter l'interprétation qui a été faite au vu des enjeux de santé publique. Je pense notamment à la petite enfance, qui souffre du manque d'accès aux professionnels du secteur de la psychiatrie.