L'interruption volontaire de grossesse est légale depuis quarante-quatre ans. Toutefois, les professionnels de santé ne sont jamais tenus de pratiquer cet acte, comme le souligne spécifiquement l'article L. 2212-8 du code de la santé publique.
Disposer du droit d'interrompre volontairement une grossesse signifie également pouvoir le faire en toute sécurité : ce fondement de la liberté des femmes permet, de surcroît, de protéger leur vie et leur intégrité physique. La loi Veil de 1975 a fait l'objet d'un compromis entre la ministre déterminée à garantir à toutes les femmes l'accès à l'IVG et une majorité parlementaire souvent hostile à la légalisation de l'avortement. À l'époque, les concessions ont été nombreuses.
Depuis la légalisation, malgré de nombreuses attaques contre la liberté des femmes à disposer de leur corps, ces dispositions, qui avaient pour seule fonction de compliquer l'accès à l'IVG, ont été abrogées ou réformées. Le droit à l'IVG a été conforté. Seule la clause de conscience spécifique a perduré. Déjà garantie par les dispositions d'ordre général, cette clause est superfétatoire : elle ne fait que renforcer l'idée qu'il s'agit d'un acte médical à part, que l'avortement n'est pas un droit à part entière. Il peut arriver même qu'elle soit la cause d'une ineffectivité du droit, comme ce fut le cas l'année dernière à l'hôpital du Bailleul, dans ma circonscription.
Depuis la loi Veil, les adversaires de l'IVG n'ont jamais désarmé, jamais renoncé, et le droit à l'IVG gratuite, accessible et libre continue de s'exercer sur une ligne de crête. Faute d'obtenir, comme ils le revendiquent, l'interdiction de l'IVG, ils oeuvrent, d'une part, à culpabiliser et à dissuader les femmes et, d'autre part, à organiser et à soutenir, dans les services de santé, les réfractaires à l'IVG. Leur but est explicite : rendre ineffectif le droit à l'avortement. Le code de la déontologie médicale prévoit, dans son article 47 relatif à la continuité des soins, le droit de tous les professionnels de santé de refuser, pour des raisons personnelles, de pratiquer des actes médicaux. Le présent amendement vise donc à abroger la clause de conscience spécifique à l'IVG prévue aux deux premiers alinéas de l'article L. 2212-8 du code de la santé publique.