Amiral, en décembre, j'ai eu l'occasion de passer une semaine sur le porte-avions Charles de Gaulle avec des camarades de l'école de guerre, lors de la qualification des pilotes de chasse embarquée. Je me rappelle que le capitaine de vaisseau Marc-Antoine de Saint-Germain nous avait alors accueillis par ces mots : « Si vous quittez ce porte-avions en pensant n'avoir vu qu'un aéroport flottant, nous aurons loupé notre mission. » Effectivement, ce porte-avions est à la fois un aéroport, une réserve de munitions et de carburant, un centre de renseignement de la force navale, un outil de commandement, un outil diplomatique et même un outil de promotion de la base industrielle et technologique de défense – car, lorsque le Charles de Gaulle part en mission, c'est un morceau de la France qui se déplace, ce qui permet d'accueillir partout dans le monde des clients, à qui nous pouvons faire la démonstration de notre savoir-faire.
Comme vous l'avez dit, une question essentielle va se poser dans les prochains mois, celle du deuxième porte-avions, pour lequel les études sont déjà lancées. Si j'ai bien compris, vous ne connaissez pas encore précisément les coûts correspondants en termes d'investissement et de fonctionnement. Pouvez-vous cependant nous confirmer que le coût d'investissement serait de l'ordre de cinq à six milliards d'euros ? Pour ce qui est du fonctionnement, j'ai noté que le fait de disposer de deux porte-avions permettrait de mutualiser un bon nombre de coûts : pouvez-vous nous indiquer lesquels – c'est sans doute le cas de la flotte d'avions ?
Enfin, compte tenu des nouvelles menaces de type drones ou missiles hypervéloces, le porte-avions ne risque-t-il pas de devenir un outil de plus en plus vulnérable dans les années à venir ?