Intervention de Pierre-Louis Bras

Réunion du jeudi 7 mars 2019 à 9h00
Commission des affaires sociales

Pierre-Louis Bras, président du Conseil d'orientation des retraites (COR) :

Il faut prendre en compte le fait qu'en France la situation a été dramatisée en vue d'opérer des réformes. J'y ai participé moi-même, et réussi à ce point que je m'en inquiète aujourd'hui ! La dramatisation des questions engendre des effets de représentation pendant sur une durée de vingt ou trente ans. J'ai fait partie de l'équipe qui a rédigé le Livre blanc de Michel Rocard. La dramatisation du Livre blanc a permis les réformes d'Édouard Balladur, de François Fillon, de Nicolas Sarkozy, d'Eric Woerth, de Marisol Touraine ... Aujourd'hui, il faut arrêter de dramatiser. Moi qui ai dramatisé au début des années 1990, je dis aujourd'hui que la situation est sous contrôle, sans affirmer pour autant que tout va bien. Cela étant, je rencontre les pires difficultés avec les journalistes. C'est d'autant compliqué que certains, par exemple, parlent du solde, ce que je trouve conventionnel dans la mesure où l'on peut ajouter ou enlever des ressources.

Vous avez tenu des débats sur la compensation des exonérations sur les bas salaires dans la loi de programmation des finances publiques et dans le dernier PLFSS. Toutefois, si demain l'État ne compensait plus l'exonération « bas salaires », les régimes seraient sensiblement en déficit alors même que l'on n'aurait rien changé au système des retraites. Nous aurions simplement modifié la manière d'affecter telle ou telle ressource.

Le solde est un outil très conventionnel, et peut susciter des inquiétudes en permanence. J'avance que nous sommes à 14 % du PIB et que le taux devrait se maintenir. Or, ceux qui souhaiteraient une réforme tendant à abaisser l'âge de la retraite n'ont pas envie d'entendre que la situation est sous contrôle. Par ailleurs, la plupart des journalistes aiment à dire que rien ne va. Le COR explique depuis deux ou trois ans que la situation est stabilisée. Cela été repris dans le programme du président Macron, mais nous ne sommes pas écoutés. Il est très difficile de faire de la pédagogie à contre-sens.

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